Par France Hatron
Sortie : 9 septembre 2015
Durée : 118 min
Un film franco-suisse
Réalisation : Paolo Sorrentino
Distribution : Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz, Paul Dano, Jane Fonda, Mark Kozelek…
Fred et Mick, deux amis de longue date, tous deux riches, l’un octogénaire et l’autre septuagénaire, passent leurs vacances, depuis vingt ans, comme curistes dans un hôtel de luxe à Wiesen, au pied des Alpes suisses. Frédéric Ballinger, désormais à la retraite, était compositeur et chef d’orchestre. Il n’a aucune intention de revenir à sa carrière musicale. Son meilleur ami, Mick Boyle, poursuit, lui, sa carrière de cinéaste. Il achève le scénario d’un film. Frédéric est accompagné de sa fille et assistante, Lena qui a épousé Julian, le fils de Mick.
Parmi les autres curistes : un acteur en préparation d’un rôle, un ancien footballeur empâté et un moine bouddhiste adepte de la lévitation. Tous se regardent le nombril, exposant leurs soucis de santé, leur amourette d’adolescent… Les deux amis évoquent avec philosophie le temps passé, les sacrifices, les regrets, les trahisons inavouées, l’angoisse de vieillir, conscients que le temps à venir leur est compté. Petite lumière d’espoir, au beau milieu d’un univers où règnent les retraités botoxés : l’apparition dans la piscine de Miss Univers, celle-là même qui nous vaut l’affiche du film. Une fois sortie de la piscine et de l’affiche, l’actrice sera vite oubliée. Côté choses sérieuses, la reine d’Angleterre a demandé à Fred d’interpréter Simple Songs, son œuvre la plus célèbre, ce qu’il refuse fièrement sans se justifier. Quant à Lena, elle prévient son père qu’elle va divorcer.
Paolo Sorrentino ne manque pourtant pas d’humour, mais la vulgarité et la lourdeur de certaines images et situations prennent souvent le dessus dans le film. On se serait passé des détails sur la prostate et de la vision surréaliste d’une Jane Fonda à bord d’un avion. Le cinéaste cherche à nous divertir au gré du temps qui passe et des souvenirs qui refont surface, avec sa mélancolie, clé de voute de ses deux dernières œuvres. Mais là où La grande belleza déployait sa mélancolie avec panache et distinction, Youth l’impose ici sans pudeur avec une suffisance et une prétention désagréables.
Dommage car la mise en scène au cordeu, l’interprétation sans faille et les images de montagne, comme celles de l’hôtel et de ses curistes, toutes bien léchées, étaient propices à traiter de la maturité et de la sénilité avec plus de tendresse et d’empathie. Mais peut-être faut-il une maturité certaine pour mieux digérer cette ode à la jeunesse au côté plus amer que doux ?