Par France Hatron
Sortie : le 2 avril 2015
Durée : 1h44
Un film turc, japonais, français
Genre :
Drame fantastique
Réalisation :
Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti
Avec :
Masahiro Yoshino, Megumi Ayukawa, Xiao Mu Lee…
Dans une forêt sombre, une voix off narre le conte japonais d’un pari d’argent : « Le renard et le raton laveur ».
A Tokyo, le PDG Mr Yoshino fait faillite. Son meilleur ami Lee, patron d’un bar, le console. Ils vont voir des filles, se saoulent. Cet épisode marque le début d’une dépression profonde. De son côté, Mme Wajima ouvre une lettre à son attention, provenant du service de Cancérologie de l’hôpital de Tokyo puis la déchire. Le tourbillon de la vie ne va décidément plus dans le bon sens. Son mari dévasté est sur le point de sauter par la fenêtre quand elle le rattrape in extremis. Elle le fait interner.
Yoshino s’éprend alors d’une pensionnaire, Mme Ayukawa, avec laquelle il regarde les montagnes depuis le toit de l’asile. Mme Ayukawa lui dit qu’elle veut rejoindre son bien-aimé dans « le monde du dessous ». Yoshino rencontre deux autres patientes qui écrivent un conte sur un raton laveur et un renard, une histoire qui lui rappelle la sienne. Mme Ayukawa disparaît mais elle a laissé un message sur le toit.
Structuré en trois parties – L’homme riche, Le raton laveur et Le renard -, le scénario à la fois trop complexe et naïf, mêle l’histoire d’un parcours initiatique vers la mort et la résurrection, à la légende du renard et du raton laveur. D’une première partie réaliste et ponctuée d’humour qui dépeint très bien le monde de l’entreprise au Japon et la déchéance d’un couple, on passe subitement à un monde imaginaire, hermétique et emprunt d’ésotérisme. Les nombreuses références au conte philosophique perturbent le récit et nous éloignent petit à petit du personnage principal, un PDG de Tokyo, pourtant fort attachant au départ. Quand son équilibre mental, perturbé par la faillite de son entreprise, le conduit jusqu’à la luxure, Yoshino bascule dans une dépression profonde qui développe son imagination. On perd alors pied avec lui mais on s’ennuie plus que lui ! Quand l’homme abattu se retire dans la forêt pour retrouver son amour perdu, qu’il tombe et reste coincé dans le piège du raton laveur, la naïveté touche à son paroxysme !
Cette histoire d’amour et de sacrifice, somme toute très morale, réclame un esprit contemplatif exacerbé que, nous européens, avons peut-être du mal à solliciter quand l’émotion fait défaut. Et c’est le cas ici. Intention louable que de vouloir montrer la dépression de l’intérieur et la faire se transformer en un voyage initiatique en quête de l’amour perdu… Mais le scénario ambitieux, la mise en scène parfaite et l’interprétation très juste ne suffisent pas à nous embarquer dans le monde merveilleux des animaux de la forêt, des temples et des grands maîtres nippons en un coup de baguette psychiatrique.