Nénette, l’empire du rien faire
Par Sabine Longin
Film français
Sortie : 3 mars 2010
Genre : Documentaire
Durée : 70 mn
Réalisation : Nicolas Philibert
Nénette est une rentière velue, victime de sa rareté. Elle est née à Bornéo (océan pacifique) en 1969 avant d’être accueillie, en juin 1972, à la Ménagerie du Jardin des plantes.
Nicolas Philibert, réalisateur d’« Être et Avoir » (2001) filme Nénette, une orang-outan de plus de 40 ans, de manière frontale à travers la vitre de sa cage.
Initialement envisagé comme un court-métrage, ce documentaire repose sur une disjonction entre l’image et le son, les animaux sont vus – jamais entendus, les humains sont ent
endus sans être vus.
La succession de plans fixes rythment le film. Les images s’étirent, le regard s’irrite. Surgissent au détour de la lenteur quelques moments de grâce : un échange de baisers avec une spectatrice qui affirme connaitre leur langage, les yeux de Nénette, son regard.
Nénette garde le silence.
Selon une légende de Bornéo, les orangs-outans se taisent afin de ne rien faire.
Nicolas Philibert filme leurs gestes, leurs présences, leur captivité. Il donne voix aux spectateurs, aux hommes : les passants, enfants, écoles, comédiens, … au personnel de la ménagerie du Jardin des plantes. Les trois référents de Nénette racontent successivement leurs premières rencontres, ses trois hommes, ses enfants, sa maladie. L’une avoue que « dans les zoos, tous ressentent une forme de culpabilité », sentiment sans aucun doute partagé par bon nombre de visiteurs.
Les hommes parlent d’eux, d’elle, d’eux-mêmes surtout. Leurs propos sont tour à tour drôles, pertinents et
poétiques, ennuyeux.
Nénette est un documentaire silencieux et bavard.
Nicolas Philibert aurait peut-être dû s’en tenir à sa première intuition, celle d’un format plus ramassé.