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Par France Hatron Affiche du film

 

Age : A partir de 15 ans

Sortie : Le 15 janvier 2014

Durée : 1h40

Un film turc

Genre : Drame

Réalisation  :

Erhan Kozan

Distribution :

Miray Akay, Tunç Oral, Melisa Celayir, 

Melis Kara

 

1998. Comme toutes les jeunes filles du petit village d’Alkincilar, situé à la frontière de la partie turque et Grecque de l’îlle de Chypre, les deux charmantes enfants kurdes, Reyhan et Huriye, vivent dans la hantise de voir arriver leurs premières règles. Quand ce jour viendra, elles se savent déjà promises et mariées de force à un membre de leur famille. Car ce type de marriage est la règle dans cette communauté kurde de Turquie.

 

L’histoire de ces deux fillettes condamnées par le simple fait d’être nées « fille » est inspirée de faits réels. Le réalisateur nous le rappelle : “14 % des femmes mariées en Turquie ont entre 10 et 14 ans”. Huriye est la moins chanceuse des deux amies puisque l’heure fatidique de ses premières règles sonne l’année de ses 13 ans. Elle n’en dit mot à sa mère et se confie seulement à sa meilleure amie Reyhan. « Halam Geldi ! » lui dit-elle, ce qui signifie « Ma tante arrive ! » C’est le nom de code utilisé entre les deux amies pour parler de leurs règles. Cette phrase prend tout son sens lorsqu’on découvre que Huriye va devoir épouser un fils de sa tante : un garçon gras et laid, à l’air benêt.

Halam Geldi les enfants

Reyhan sera également mariée de force, mais, elle, avant même d’être réglée ! Son côté un peu rebelle et son amitié profonde pour le beau et gentil Halil – un garçon de son âge, né et élevé à Istanbul par des parents très aimants et un père non machiste – a rendu dingue son propre père. Il l’a faite déclarer “déficiente mentale” par son médecin. Puis, grâce au précieux certificat tamponné, il n’a eu aucun mal à la déscolariser et à la marier. L’affaire fut classée sans suite.

Sur le point d’épouser l’horrible inconnu de sa famille qui lui est destiné, la petite, dans un élan de désespoir, supplie sa mère de raisonner son père : «  Maman, ne te tais pas ! Qui d’autre que toi peut m’aider ? » Elle est très lucide quant à la responsabilité des femmes dans leur abominable destin à toutes. Le film prend là toute son intensité dramatique et sa dimension politique. Dans cette micro société machiste où les hommes règnent en maîtres tout puissants, rares sont les épouses qui se révoltent. Et celles qui osent le faire signent leur arrêt de mort. Ces hommes qui font leur prière avant de violer des enfants n’ont pas plus de scrupules à tuer leurs femmes, leurs filles et les enfants des autres.

Photo HALAM GELDIForcées de respecter la tradition, les femmes entretiennent la loi du silence, sur plusieurs générations, autour de ces crimes sexuels perpétrés par les maris, les pères, les oncles, les neveux… Ces unions consanguines forcées engendrent des enfants handicapés ou atteints de maladies incurables. Quand ils se savent condamnés à cause de leurs parents, ces enfants ne sont pas prêts à leur pardonner, ni même à entendre leur demande de pardon.

Le film dépeint très bien le climat de tension qui s’amplifie au fur et à mesure où les fillettes grandissent. Dans les premières images, la vie semble plutôt paisible. Les hommes ne font pas grand chose à part traîner, entre eux, au café. Les mères, elles, veillent sur leurs enfants, toujours à distance de leurs maris. Quant aux fillettes en uniforme, elles vivent à un rythme plus soutenu, entre l’école, les frères et soeurs, leurs petits secrets, leurs angoisses. Puis, la dramaturgie de l’histoire s’installe crescendo, atteignant son paroxysme dans la tragédie. Erhan Kozan n’y va pas de main morte avec les artifices mélo dramatiques qui s’enchainent. La musique tient un role proéminent. Les personnages secondaires surjouent. Mais on comprend l’intention du cineaste Erhan Kozan de nous faire éprouver à la fois la peine, la peur, la culpabilité, l’impuissance, le dégoût et même la honte.

Au delà de l’histoire bouleversante de cette minorité kurde qu’il raconte avec beaucoup d’empathie et quelques maladresses au niveau narratif en début de scénario, le réalisateur signe un vrai plaidoyer contre les crimes sexuels, faisant de ce combat une cause universelle à défendre haut et fort.

Une révérence toute particulière s’impose pour les deux jeunes comédiennes Miray Akay et Melisa Celayir, imprégnées de leur personnage jusque dans leur chair. Ce film très fort dérange et bouleverse jusqu’à rendre presque malade. Mais trouvera-t-il un public dans notre pays ? C’est une autre histoire…

 

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