Films à l’affiche
Par Stéphanie Desbouche
Sortie : Le 22 mars 2017
A partir de 13 ans
Durée : 2h09
Un film américain
Genre : Romantique, fantastique et musical
Réalisation : Bill Condon
Avec : Emma Watson, Dan Stevens, Luke Evans, Kevin Kline, Josh Gad, Ewan McGregor, Emma Thompson, Audra McDonald
Année : 2017
Après sept adaptations du célèbre dessin animé de Walt Disney, dont la plus célèbre reste le film de Jean Cocteau en 1946, avec Jean Marais, La Belle et la Bête vient une nouvelle fois revivre sous la direction de Bill Condon dans une adaptation éponyme.
L’histoire de Belle débute à la fin du XVIIIème siècle, dans un petit village français. La jeune fille, orpheline de mère, mène une vie heureuse auprès de son père, un inventeur excentrique âgé. Rêveuse et passionnée de littérature, Belle aime aussi les roses. Et c’est une rose qui joue justement un rôle capital dans l’histoire car, à cause d’elle, un prince se voit transformé en une horrible créature parce qu’il a refusé d’héberger une vielle femme laide prise dans la tempête. Tout comme ses convives, Lumière et ses compagnons, sont convertis en objets de décoration vivants. Le prince devra accepter son nouveau sort jusqu’à ce qu’une fille tombe amoureuse de lui, et ce avant que le dernier pétale de la rose ne tombe.
Une nuit, s’étant perdu dans la forêt, le père de Belle se réfugie au château de la Bête, qui le met au cachot. Sa seule chance d’en réchapper est d’échanger sa place contre celle de Belle. Ce qu’elle accepte, ignorant que sous le masque de l’horrible monstre se cache un Prince Charmant atypique que rien ne va empêcher de tomber amoureux fou malgré son apparence. Petit à petit, Belle découvre le secret de la Bête. Lumière et ses compagnons vont tout faire pour rapprocher Belle et la Bête car ils voient là leur seule chance de redevenir humains. Mais y parviendront-ils ?
La magie opère dans cette comédie musicale fantastique et féérique qui s’inspire presque à la lettre du dessin animé de Walt Disney. Même les célèbres et attachants objets bavards, Lumière (le chandelier), Big Ben (l’horloge), Zip (la tasse) et sa maman Madame Samovar (la théière) sont au rendez-vous. Porté par d’excellents comédiens, et notamment la belle Emma Watson, le film tient le rythme grâce aux chansons bien sûr, mais aussi grâce aux magnifiques décors, aux effets spéciaux et aux images de synthèse d’une grande qualité.
Il est question, dans La Belle et la Bête, de l’apparence physique qu’il faudrait savoir mettre de côté pour se faire une idée sur quelqu’un ou pour en tomber amoureux. Parce que le prince ne souhaite pas aider une vieille femme à cause de son physique ingrat, il en paie les conséquences en devenant encore plus horrible qu’elle. De son côté, Belle n’a pas accordé d’importance au physique de la Bête et en a été récompensée. Elle s’est rendue vertueuse en quelque sorte, en attachant plus d’importance à son être intérieur qu’à son apparence physique.
Morale de l’histoire : le physique ne se contrôle pas, contrairement à ce qui se dégage de l’intérieur.
Par Yannick Sado
Sortie : le 26 octobre 2016
Durée : 1h41
Un film britannico-français
Réalisation : Ken Loach
Distribution : Dave Johns, Briana Shann, Hayley Squires…
Peu de films auront si bien décrit le réalisme (ou le surréalisme) du marché du travail. Dans ce système aux multiples dérives, l’individu n’est rien ou presque. Un simple numéro dans la salle d’attente d’un jobcentreplus, (l’équivalent de nos Pôle emploi) de la ville froide et austère de Newcastle.
Daniel Blake atterrit ici sans trop s’y attendre. Une crise cardiaque l’oblige à renoncer un beau jour à son métier dans le bâtiment. Son cœur pouvant vaciller à tout instant, le médecin le juge inapte au travail. Pour toucher l’assistance allouée aux personnes invalides, il doit cependant obtenir l’aval d’une professionnelle médicale mandatée par l’administration. Cette dernière n’est pas médecin, ni même infirmière, mais qu’importe, l’avenir de Daniel dépend uniquement des tests qu’elle lui fera passer. Au terme de leur rendez-vous, Daniel se voit octroyé un nombre insuffisant de points pour percevoir la pension qu’il escomptait. Dès lors, un parcours semé d’embûches va se dresser sur la route du quinquagénaire : celui de l’univers des quelques 1.6 millions de chômeurs britanniques. Recalé pour l’obtention d’une prise en charge, Daniel est contraint de chercher un nouveau travail, tout en faisant appel de la décision qui le prive de sa pension d’invalidité.
Sur ce chemin des laissés pour compte, tout est fait pour contrôler et décourager les demandeurs d’emploi, quitte à finir de les briser socialement et psychologiquement. L’administration affiche à leur égard une défiance désarmante : Daniel Blake doit ainsi apporter la preuve qu’il a bel et bien déposé des cv auprès d’entreprises en présentant des photos prises avec des employeurs ou des reçus signé de leur main. Un contact téléphonique avec l’administration peut entraîner une attente interminable, avec au final, un renvoie vers un autre interlocuteur injoignable.
Le demandeur d’emploi peut aussi être amené à se rendre dans des ateliers pour apprendre à écrire son cv.
Puis, gare à lui s’il a le malheur d’arriver en retard, même s’il vient d’emménager dans la ville et qu’il doit la traverser avec ses deux enfants pour arriver au rendez-vous dans les temps. Dans tous les cas où il ne se complaît pas aux prescriptions du jobcentreplus, il encourt la radiation, même s’il a des circonstances atténuantes.
Ce film ayant valu à Ken Loach la palme d’or au dernier festival de Cannes, Moi, Daniel Blake, est un réquisitoire cinglant et des plus réalistes contre un système impitoyable avec les plus faibles.
Par France Hatron
Sortie : le 17 août 2016
Durée : 1h42
Réalisation :
Pavel Giroud
Distribution :
Yotuel Romero, Armando Miguel Gómez, Camila Arteche, Yailene Sierra, Jazz Vilá, Jorge Molina
Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes
Nouveau palmarès d’Albéric, cette fois-ci sur les films présentés en Sélection Officielle hors compétition, dans la section Un Certain regard et à La Quinzaine des Réalisateurs.
UN CERTAIN REGARD
CLASH ****
Un huis clos dans un fourgon de police au Caire pendant des manifestations en août 2013. Des manifestants anti et pro frères musulmans se retrouvent dans le même fourgon. Au cœur d’une actualité brûlante, un film passionnant sur le fond et brillantissime dans sa réalisation. Par Mohammed Diab, le réalisateur du déjà superbe « Les femmes du bus 678 ». S’il avait été en compétition, CLASH aurait pu faire une très belle palme d’or.
VOIR DU PÄYS ***
Nouveau film sur des militaires français de retour d’un théâtre de guerre en Afghanistan. Ils vont passer trois jours de « repos/debriefing » dans un hôtel de luxe à Chypre. La particularité du film ? Etre centré sur des jeunes femmes, plongées dans un univers d’hommes. Il est d’ailleurs réalisé par deux femmes, Delphine et Muriel Coulin. Passionnant.
PERSONAL AFFAIRS **
Très joli film réalisé par une jeune cinéaste israélienne, Maha Haj, mais tourné entièrement en arabe avec des acteurs palestiniens entre Nazareth, Ramallah et la Suède. Comme le titre du film l’indique, le film parle « d’affaires personnelles », celles d’une famille palestinienne éclatée. La politique n’apparait que furtivement, avec un contrôle à un check point de l’armée isralienne.
DOGS **
Ambiance western pour ce film roumain très lent. Un homme revient sur les terres de son grand-père dont il vient d’hériter. Mais il doit faire face aux anciens hommes de main du grand père, qui était en fait le chef de la mafia locale. Un vrai climat se dégage du film. A suivre donc ce cinéaste, Bogdan Mirica.
APPRENTICE **
Un jeune gardien de prison de Singapour s’apprête à devenir l’assistant du bourreau de la prison. Plongée angoissante dans une ambiance carcérale à Singapour, où la peine de mort est régulièrement prononcée contre les trafiquants de drogue. Second film extrêmement maîtrisé du jeune Boo Junfeng.
AU DELA DES COLLINES ET DES MONTAGNES *
Un officier de l’armée israélienne prend sa retraite et découvre la vie civile avec des conséquences pour toute sa famille. Eran Kolirin livre une jolie chronique, gâchée par une fin totalement manichéenne. Dommage.
SELECTION OFFICIELLE / HORS COMPETITION
HISSENE HABRE, UNE TRAGEDIE TCHADIENNE ***
Le tchadien Mahamat Saleh Haroun, revient pour la troisième fois à Cannes mais, cette fois-ci, hors compétition avec un documentaire qui donne la parole à des victimes de la dictature de Hissène Habré. Certaines scènes où les anciens bourreaux rencontrent leurs victimes sont bouleversantes. Un film témoignage salutaire dans la veine de ce que fait Rithy Panh au Cambodge (« S21 »…) où Joshua Oppenheimer en Indonésie (« The look of silence »…). Rithy Panh présente d’ailleurs à Cannes, également hors compétition, son dernier film, EXIL.
CAFE SOCIETY ***
Comme tous les ans, Woody Allen nous livre un film. Il a fait l’ouverture du festival et vient à Cannes pour la 14ème fois hors compétition. Il nous emmène dans les années 30 avec des chassés croisés amoureux à Hollywood puis à New York. C’est brillant, enlevé. Un bon Woody Allen mais manquant sans doute de surprises.
MONEY MONSTER **
Jodie Foster derrière la caméra, Georges Clooney et Julia Roberts (pour la première fois à Cannes), devant : une affiche de rêve pour la montée des marches. Le film raconte la prise d’otages, en direct à la television, d’un animateur vedette, sur fond de corruption dans le monde de la finance. La dénonciation n’est pas très crédible mais le film est plaisant et bien rythmé.
LE BON GROS GEANT *
Spielberg retrouve le monde de l’enfance en adaptant un livre de Roald Dahl, publié en 1982, l’année de la sortie de ET. Visuellement , avec le mélange d’images virtuelles et de personnages réels (« motion picture ») , le film n’a pas la poésie de certains autres Spielberg, et bien sûr de ET. Mais le petit déjeuner du « bon gros géant », à la cour d’Angleterre, est un régal : éclats de rire garantis.
LA QUINZAINE DES REALISATEURS
L’ECONOMIE DU
COUPLE ***
Joachim Lafosse revient au cœur du couple après le très réussi « A en perdre la raison » : un couple en instance de divorce continue à partager la même maison, pour des raisons financières. Bérenice Bejo et Cedric Kahn exceptionnels de vérité. Un film extrêmement juste d’un bout à l’autre.
MEAN DREAMS **
Thriller haletant, de Nathan Morlando, dans la campagne américaine avec un couple d’adolescents qui fuit le shérif local et son adjoint, tous les deux responsables d’un trafic de drogue. Le « méchant » du film n’est autre que le père de la jeune fille qui s’enfuit avec son amoureux. Rien de révolutionnaire mais un suspens très bien mené.
http://www.festival-cannes.com/
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http://www.lacid.org/-Programmation-ACID-Cannes-2016-12-
Par Albéric de Gouville, l’envoyé spécial de France 24 à Cannes
Après six jours de visionnage, Albéric de Gouville nous livre ses cotes pour 13 des 21 films en compétition à Cannes cette année.
Aquarius ****
Ma palme d’or revient pour l’instant à ce film de Kleber Mendonça Filho. Magnifique portrait de femme (sublime Sonia Braga pour l’interpréter ) sur fond de corruption au Brésil. L’équipe a monté les marches en brandissant des pancartes ‘Coup d’état au Brésil’. Un film salutaire, superbement réalisé, qui a du souffle et l’envergure d’une palme d’or.
Moi, Daniel Blake **** : Un grand Ken Loach. Du cinéma social, très juste, très réaliste et qui bouleverse, sur fond de chômage et de privatisation de la santé en Grande Bretagne.
Loving **** : Une magnifique histoire d’amour, contrariée par les lois interdisant les mariages mixtes dans l’Amérique des années 50 et 60. Jeff Nichols au sommet.
Mal de Pierres *** : Une belle histoire très (trop ?) classique dans la France des années 60. Marion Cotillard interprète une femme dont la passion amoureuse flirte avec la folie. Beau film mais qui ne surprend pas vraiment.
Julieta *** : Un bon Almodovar, mais sans aucune surprise dans l’œuvre du cinéaste espagnol. Une mère recherche sa fille qui a coupé les ponts 12 ans plus tôt. Émouvant
Sieranevada ** : 2h53 de huis clos dans un appartement de Bucarest pour commémorer la mémoire d’un défunt. Passionnant sur le fond et dans la forme mais beaucoup trop long.
Mademoiselle ** : Le retour de Park Chan Wook dans la compétition avec un film beaucoup plus classique que les précédents, qui se passe en Corée dans les années 30. Très brillant visuellement avec un scénario sophistiqué.
Américan Honey ** : road movie les dérives sectaires d’un groupe de vendeurs ambulants dans l’Amérique d’aujourd’hui. Intéressant formellement mais le film est beaucoup trop long, notamment dans les séquences musicales
Ma loute ** : Un Bruno Dumont complètement déjanté avec de grands numéros d’acteurs. Le cinéaste fait appel à des stars mais reste fidèle à son univers. Bonne surprise !
Toni Erdmann ** : L’éclat de rire du festival pour un film pourtant très sérieux sur le mal de vivre dû à un travail déshumanisant. L’actrice principale Sandra Hüller est formidable.
Personal Shoper ** : Olivier Assayas s’essaye au film de fantômes, dans le monde de la mode. Les sifflets à l’issue de la projection de presse ne sont pas mérités. La mise en scène est élégante et Kristen Stewart très crédible.
Rester vertical * : Par Guiraudie, le cinéaste qui montre ce qui est tabou : un accouchement en gros plan, l’homosexualité dans le monde paysan, l’amour chez les vieux…. Mais ce n’est pas un film dossier, plutôt un road movie sans véritable scénario.
Paterson * : Un film en forme de poème qui dévoile 7 jours de la vie d’un couple dans la petite ville de Paterson. Un Jim Jarmush mineur.
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