Film français
Sortie : 10 mars 2010
Genre : Drame
Durée : 1 h 24
Réalisation : Yasmina Reza
Interprétation : Emmanuelle Seigner, Carmen Maura, André Dussollier, Valérie Dréville, Bouli Lanners…
Trois filles élevées en France n’ont presque rien en commun, à part leur mère espagnole et leurs souvenirs. La madre, veuve, décide de rassembler ses « chicas » autour d’un déjeuner pour leur présenter son nouveau fiancé, Fernand, l’administrateur de son immeuble de banlieue. Pilar est très fière de ses filles dont elle parle sans cesse. L’une est une actrice de cinéma belle et célèbre, l’autre une actrice de théâtre, pas belle, sans aucune notoriété et vivant tant bien que mal dans l’ombre de sa sœur. La troisième, mariée et mère de famille vient de trouver un amant.
Le déjeuner va être pour Yasmina Reza prétexte à faire tourner ce
tte réunion de famille au drame. Ce dont elle parvient avec brio en nous épargnant les clichés propres à cet exercice classique. Avec son premier film, la célèbre auteur et romancière dramatique réussit un coup de maître à la Bacri Jaouï, le cynisme en moins, avec une petite touche d’Almodovar pour édulcorer le tout.
Son sens aigu de l’observation lui permet de transcender des situations banales et des détails du quotidien jusqu’à les rendre le plus souvent drôlissimes, émouvants, exquis tout simplement. L’auteur aime profondément ses personnages et les filme avec beaucoup de tendresse, sur une musique orientale envoûtante. Elle semble avoir capté chez chacun de ses comédiens l’atout à cultiver pour qu’ils percent l’écran. Et c’est gagné, surtout pour Carmen Maura, en mère kitch, sensible et pleine de bon sens, et Emmanuelle Seigner en diva désabusée, qui se voit offrir là l’un de ses plus beaux rôles. Chaque plan est méticuleusement soigné. Yasmina Reza innove d’une séquence à l’autre avec une caméra qui oscille entre les gros
plans sur les visages pris par en dessous, comme par-dessus, les plans fixes où ses personnages de dos semblent figés comme sur des toiles, les images un peu floutées. Les décors tels des tableaux colorés, dans une grande partie du film, prennent tout leur sens dans les scènes de théâtre filmé où chacun se crêpe le chignon avec des dialogues cousus main qui sentent bon l’Esprit et l’Humour.