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Par France Hatron

Age : à partir de 12 ans

Film français

Sortie : 15 juin 2011 

Genre : Comédie, Romance

Durée : 1 h 39  

Réalisation : Katia Lewkowicz

Interprétation : Benjamin Biolay, Emmanuelle Devos, Nicole Garcia, Valérie Donzelli, Sarah Adler, Hanna Laslo, Eric Lartigau, Nadir Legrand, Jean-Noël Cnockaert, Rodolphe Dana

Trois jours avant son mariage, Arnaud, 35 ans, voit disparaître sa fiancée qui, paraît-il, compte bien revenir le jour « J ». Est-il surpris, abattu, indifférent, on ne sait pas très bien… Car il va vite combler l’absence de sa brune, que l’on ne connaît pas encore, par la présence d’une blonde plutôt jolie et attachante. Il a une sœur aimante et pleine d’humour, une mère bourgeoise castratrice qui brasse beaucoup d’air pour rien.

Comique de situation : surgit la belle famille étrangère (qui ne parle pas un mot de français !) en vue de préparer le mariage. Sans la mariée, c’est tellement plus drôle ! Et pour une immersion garantie totale, les dialogues ne sont pas traduits. <

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Le futur marié se débat entre ses sentiments naissants pour une fille qui n’a pas sa place dans son nouveau projet de vie et la machine infernale du mariage, enclenchée à vive allure par une belle famille que rien n’arrête. Ni la disparition de Mademoiselle, ni la moue de Monsieur et son détachement total pour les artifices aussi superflus que kitchs de la noce.

Katia Lewkowicz a réussit, pour son premier long-métrage, un beau mélange des genres entre comédie chorale hilarante et mélo sentimental. On échappe aux personnages naïfs et pitoyables, aux bons et aux méchants pour pénétrer dans un univers où l’on ne plaint ni admire personne. On se délecte devant les protagonistes victimes de leurs états d’âme changeants, confrontés somme toute à des situations assez banales. Ils sont très critiques vis-à-vis d’eux même. En témoignent leurs surnoms et les sonneries ridicules de leur téléphone qui les font rire autant que nous !

La réalisatrice contourne les ficelles faciles des genres, ne joue pas de rebondissement caricaturaux et surprend par des situations et réactions insolites. Les dialogues, en revanche manquent parfois de recherche. On se serait bien passé des « putains » à foison dans la première partie du film ! Même dans la bouche du séduisant Benjamin, ce n’est pas très digeste !

Tous aussi talentueux les uns que les autres, les acteurs forment une joyeuse pléiade. Benjamin Biolay incarne son personnage avec une grande justesse, montrant une personnalité à la fois secrète, grave, profonde et pleine d’humour. Il intériorise ses doutes pour ne laisser percer, tour à tour, que détachement, passivité, agressivité, sentiments retenus et émotions contenues.

En sœur aimante et structurée, Emmanuelle Devos, lui donne des répliques pertinentes sur mesure. Sa grâce irradie l’écran et sa palette d’émotions dévoile une belle alchimie entre rigidité et ouverture d’esprit, sérieux et humour malgré elle. Nicole Garcia, en mère histérique de ces deux jeunes bourgeois gâtés, est tout aussi convaincante et dôle. Quant à la belle et sensuelle Valérie Donzelli qui campe la future mariée fantôme, complètement désinvolte, irresponsable mais ingénue, elle décape ! La jeune prodige, Sarah Adler, lui vole presque la vedette en lui alpaguant son « futur » !

De beaux portraits qui dessinent notre époque avec précision et fantaisie, en sondant les blessures et les doutes avec beaucoup de discernement.

Pourquoi tu pleures ? était présenté à Cannes en 2011, à l’occasion de la clôture de La semaine de la Critique. 

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Par France Hatron

Age : à partir de 15 ans

Film japonais

Sortie : 4 mai 2011 

Genre : Drame

Durée : 2 h 15  

Réalisation :  Tran Anh Hung 

Interprétation : Kenichi Matsuyama, Rinko Likuchi, Kiko Mizuhara

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La Ballade de l’impossible est un roman d’Haruki Murakami, très fidèlement adapté par Tran Anh Hung. Son titre original Norvegian Wood vient d'une chanson des Beatles qui évoque les amours défuntes laissant des traces indélébiles au coeur et à l'âme.

A la fin des années 60, Kizuki, le meilleur ami de

Watanabe, se suicide à Kobe. Les deux jeunes hommes formaient un trio inséparable avec Naoko, la petite amie de Kizuki. Watanabe quitte alors Kobe et part s'installer à Tokyo où il commence ses études universitaires. Quand il retrouve Naoko, chacune de leur vie bascule. La jeune femme fragile et sensible ne s'est pas remise de la mort de Kizuki. Elle fait l'amour avec Watanabe le jour de ses 20 ans, puis disparaît dans la nature. Watanabe ne l'oublie pas. Sa vie entière est hantée par le souvenir de cette femme qu'il aime, son premier amour qui va d'ailleurs le détruire à petit feu. 

On reconnaît particulièrement la patte du cinéaste des films cultes L'odeur de la papaye verte et A la verticale de l'été, à son travail sur l'image et les couleurs. Chaque plan, qu'il s'agisse de plans d'ensemble ou serrés, de gros plans sur les visages, est transcendé par le regard contemplatif de la caméra.  

Les longs plans fixes – sur des décors intérieurs ou sur des paysages montagneux ou autres- magnifiquement cadrés, laissent imaginer des tableaux de maîtres que la lumière infiltrée avec virtuosité s'évertue à rendre sans pareil. La pureté et la beauté des visages qui ont déjà perdu toute l'innocence de l'enfance nous touche dès les premières séquences. La sensualité des images et des corps, mêlée à la pudeur et à la naïveté  des personnages dégagent une grande poésie et une émotion constantes. Les bruits de l'eau, la guitare comme le violon nous plongent dans une atmosphère de bien être et de paix qui vient contraster avec la noirceur des propos : celle de la maladie d'amour, de l'amour sans sexe, et du deuil insurmontable.

Un drame psychologique mélancolique où les jeunes protagonistes, au seuil de leur vie d'adulte, ont déjà fait toutes les expériences de l'amour, la passion, la mort, la séparation, la dépression, le deuil, la souffrance, la fuite, la folie… Tran Anh Hung aborde toutes ces secousses de l'existence avec une précision et une délicatesse rares. Il va très loin dans ses démontrations. Les douleurs des personnages se font nôtres longtemps parce qu'elles nous font réfléchir en profondeur.

La ballade de l'impossible était en Compétition Officielle à La Mostra de Venise 2010.

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Par France Hatron

Age : à partir de 15 ans

Film français

Sortie :  4 mai 2011

Genre :  Comédie dramatique

Durée :  1 h 31

Réalisation :  Patrice Leconte

Scénario : Patrice Leconte

Interprétation :  Pauline Lefèvre, Nicolas Giraud, Clément Sibony

L'histoire est simple : deux frè

res jeunes et beaux décident de rendre visite à leur mère à Saint-Jean-de-Luz. Mais c'était sans compter la présence, à leurs côtés, d'une blonde insouciante et sensuelle, qu'ils allaient devoir se coltiner et même se partager ! Ce road movie très léger aurait pu afficher quelques allures de Jules et Jim s'il était mieux écrit, avec des dialogues subtiles qui aient de l'esprit et un peu de profondeur. Or, ils sonnent creux et s'avèrent souvent redondants.

Les comédiens, eux, empruntent le jeu de Rohmer pour un rendu finalement sans saveur car on ne perçoit pas leurs motivations, ni leur naïveté, ni leur raison d'être ou de vivre. Leur psychologie nous échappe totalement.  Qu'ils soient posés dans leur camping-car, sur le sable, dans des cabines d'essayage ou dans un cimetière, rien ne les anime vraiment. La fille s'agite, séduit (elle le fait bien !) sans se poser aucune question, ce qui détend mais ennuie aussi beaucoup ! D'ailleurs, elle pourrait bien faire n'importe quoi, ses deux admirateurs resteraient toujours aussi insipides ! Seule la musique parvient à nous émouvoir un peu.

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Interview

  

 du réalisateur Florian Gallenberger   

et de la comédienne Anne Consigny   

   

Propos recueillis par France Hatron pour RFI, le 13 avril 2011   

   

Florian Gallengerger, votre film débute sur des images de votre héro John Rabe. On le voit saluer les salariés de l’entreprise Siemens qu’il dirige à Nankin. Parlez-nous de cette première séquence qui plante l’un des décors majeurs du film : l’usine.  

Florian Gallenberger : Dans cette première séquence, il marche dans la cour et nous constatons que tous les travailleurs chinois s’inclinent devant lui. Nous voyons aussi à quel point l’usine Siemens était importante en Chine en 1937. Parce que la plupart des gens ne réalisent pas qu’au début du  XXème siècle, Siemens et beaucoup d’entreprises européennes essayaient d’intégrer le marché chinois, de la manière qu’elles essaient de le faire aujourd’hui. En ce sens, Rabe était un colonialiste, un défenseur de l’économie moderne. Nous voulions montrer qu’il était un colonialiste devant lequel ses travailleurs devaient s’incliner et se conduire comme des serviteurs. Et en même temps il fallait montrer qu’il avait construit quelque chose d’assez conséquent. Il a vraiment beaucoup œuvré à Nankin. Il fut à l'origine de la construction de centrales électriques et de l’installation du réseau téléphonique. C’est pourquoi j’ai voulu montrer dans la première séquence que c’était quelqu’un plein de bonnes intentions mais qui paradoxalement affichait une attitude assez méprisable. Parce qu’il regarde les Chinois comme des sous hommes.  

 Comment est née cette idée de scénario ?  

 FG : Le scénario est inspiré du journal de John Rabe. C’est un de nos producteurs qui a acheté les droits du journal quelques années avant que je commence à travailler sur le film. Il m’a donné un coup de fil un jour et m’a demandé : « Voulez-vous réaliser un film sur John Rabe ? » Je lui ai dit : « je ne sais pas. Qui est cette personne ? Je n’en ai jamais entendu parler. » Parce que Rabe était totalement inconnu en Allemagne. L’idée pour le scénario fut évidemment de rester le plus proche possible du journal. Parce que le journal ne contient pas une histoire,  mais seulement des faits qui servent à élaborer la dramaturgie d’une histoire au sein de laquelle vous pouvez imaginer un film avec un début, un milieu et une fin qui donnent un résumé précis de ce qui s’est passé à Nankin.  

 Parlez-nous de ce journal de John Rabe. Il est resté caché, je crois, plusieurs années… A quel moment a-t-il été rendu public ?   

FG : Son journal lui a été confisqué en Allemagne lorsqu’il est rentré de Nanjin. Il a été arrêté par la Gestapo car on lui a reproché d’avoir collaboré avec les Chinois contre les Japonais. Les Japonais étaient des alliés des Allemands à cette époque. Les Allemands ont donc récupéré le journal et l’ont fait disparaître après la guerre. Le journal n’a été retrouvé que dans les années 90 par Iris Chang qui était en train d’écrire un livre sur le massacre de Nanjin. Elle a découvert ce journal en Allemagne et c’est grâce à elle que les gens ont à nouveau entendu parler de John Rabe. Ce journal est l’un des rares documents existant sur le massacre de Nanjin. Son contenu vous donne une idée très précise de ce qui a provoqué le massacre. Rabe a raconté sa vie dans son journal de façon précise. Vous pouvez donc y piocher beaucoup d’informations sur ce qui s’est passé.        

Quelle est la part de fiction dans ce scénario inspiré du réel ?   

FG : Comme je vous l’ai dit, quand vous disposez d’un journal, vous devez changer certains détails dans le but d’obtenir  une histoire réelle. Voici un exemple : dans le film, il y a ce moment où vous pensez que la femme de Rabe’est morte dans le bombardement du bateau. En réalité, il ne s’agissait pas d’un bateau mais d’un train. Elle voyageait dans un train qui a été bombardé. Mais nous n’avons  pas pu filmer cela car nous n’avons pas  pu obtenir de train à ce moment là. Nous avons donc combiné les deux idées. Nous combinons parfois des évènements réels, en modifiant un peu la chronologie, en changeant quelques détails. Mais je pense que tout ce que vous voyez dans le film est presque arrivé ou aurait vraiment pu arriver de cette façon.  

John Rabe était membre du parti nazi. Parlez-nous de sa vraie personnalité que vous montrez assez ambivalente dans le film. Sur quels documents d’archives vous êtes-vous appuyé pour étoffer sa psychologie ?   

FG : Je crois que si j’avais connu Rabe, je ne l’aurais pas aimé. Oui, il était arrogant, sûr de lui. Nous pensions qu’il était très drôle mais il ne l’était pas pour être honnête. Vous savez, je voulais créer ce type de colonialiste qui dans sa profondeur intérieure a le sens des responsabilités, le sens du devoir, le sens des responsabilités pour ses travailleurs chinois. Je pense que cette pression lui a permis de faire ressortir ce qu’il gardait enfoui en lui auparavant. Je voulais  montrer qu’une personne conf

rontée à des évènements difficiles pouvait voir grandir en elle des qualités insoupçonnées : la bienveillance, le courage et des qualités dont elle se sentait dépourvue.     

Vos personnages principaux ont des personnalités très affirmées. C’est le cas notamment d’Anne Consigny qui incarne le rôle de Valérie Duprès, la directrice de l’Université de filles de Nankin. Pourquoi avoir choisi une comédienne française pour ce rôle ?  

FG : J’ai intérêt à faire attention à ce que je dis car elle est juste à côté de moi (rires). La vraie  directrice du collège de filles de Nanjin était en fait américaine mais nous n’avons pas pu trouver la comédienne qui convenait à cette personnalité. Nous avons donc changé le personnage initial contre un personnage français. Bien sûr, nous connaissions des actrices françaises, mais pas suffisamment pour éviter tout le processus du casting.  Je me souviens avoir regardé des films français les uns après les autres pendant des semaines et des mois, à la recherche de l’actrice française parfaite pour le rôle. A la fin, il nous restait une short liste de trois ou quatre noms. J’ai donc parlé avec Nicolas Traube, le coproducteur français, de quelques unes des actrices retenues et au final Anne est sortie du lot. Mais vous ne connaîtrez pas les finalistes de la short liste !  

Anne Consigny, votre personnage, Valérie Duprés, va suggérer de créer une zone de sécurité à Nankin. C’est elle qui va également nommer John Rabe dirigeant de cette zone, contre l’aval de son mari. Quelles motivations, selon vous, incitèrent cette femme à prendre des décisions d’une telle importance ?  

Anne Consigny : Je ne sais pas si dans la vie réelle, c’est elle qui a eu l’idée de la zone de sécurité.  Je pense qu’elle avait un penchant amoureux pour John Rabe. Elle avait beaucoup d’admiration pour lui. Son amour venait de son admiration pour lui. Elle, elle avait pour motivation première d’aider les jeunes filles les plus démunies dans le monde. Parce qu’elle était orpheline de maman et vécut dans une ferme aux Etats-Unis, seule avec son père et ses frères et sœurs. Et malgré cette situation, elle avait atteint les études supérieures et avait eu comme une vocation presque religieuse d’aller aider les petites filles qui auraient le plus besoin d’elle. Elle a choisi la Chine vraiment sciemment. Donc sa motivation de créer la zone de sécurité et de demander à John Rabe d’être Président, vient de cette pulsion à faire le bien. C’est une juste parmi les justes, en Chine.  

Florian Gallenberger, vous avez choisi d’alterner la fiction et des images d’archives. Pourquoi ?  

FG : Parce que nous ne pouvions pas montrer, en fiction, Nanjin aussi détruite que nous le voulions, car la Chine est si moderne maintenant que vous ne pouvez plus trouver de rues anciennes ni de vielles maisons. Dans une scène, vous distinguez des collégiennes sur des images d’archives en noir et blanc et vous réalisez qu’elles ont exactement le même uniforme que dans notre film. Je pense que les archives en noir et blanc fonctionnent très bien avec la partie fiction du film.  

Certaines images du film sont très violentes. On pense à ces gros plans sur les têtes des chinois décapités, aux corps défunts des soldats, de deux médecins et de trois infirmières. Ces séquences sont-elles des symboles parlants de l’atrocité du massacre de Nankin ?    

FG : Si vous faîtes un film sur un massacre, vous devez en montrer certains, vous savez. Je pense que sa dimension est l’une de ses principales caractéristiques. En effet, la réalité était bien plus violente. Il y a eu des milliers et des milliers de femmes violées. Des débats sur le nombre exact de morts ont toujours lieu mais tellement de têtes ont été coupées. Cette scène dans laquelle deux officiers japonais font le concours de celui qui pourra décapiter le plus de têtes possible…  il faut savoir qu'elle est vraiment arrivée. Je ne suis pas un fan de films violents, pas du tout, mais je pense que dans ce cas, la violence fait partie intégrante de l’histoire. Et si vous regardez bien ces moments de violence, il n’y en a pas qui soient là juste pour exprimer la violence. Elle est toujours perçue au travers des yeux des personnages. C’est le cas de Rabe qui assiste à la décapitation de son chauffeur. Toute la violence a un rapport direct avec les personnages.    

Est-ce que vous avez eu un problème de conscience en tant qu’Allemand avant de décider de faire ce film sur cet Allemand, somme toute membre du parti nazi ?  

FG : Oui, c’était bien sûr une question importante dont nous avons parlé. Je me suis posé ce problème de conscience de savoir si je pouvais ou non faire un film sur un nazi, membre du parti. Et je pense que la raison pour laquelle j’ai consenti à le faire et même à me dire que c’était bien de le faire est due au fait que John Rabe, après être rentré en Allemagne, a lui-même souffert du traitement infligé par les nazi. Il a perdu son travail. Il fut gardé prisonnier par la Gestapo, etc… Donc il a lui-même été victime des nazis, ce qui change ma perception que j’ai de lui. Il n’a jamais eu de retour sur ce qu’il avait fait, vous savez, il n’a pas compté dans le 3ème Reich, parce qu’on ne l’aimait plus. Et après la guerre, il est redevenu personne et mourut dans l’indifférence. Donc, je pense que cela donne une dimension tragique à sa vie, ce qui fait de cette histoire, selon moi, une histoire dont on peut parler. Et par-dessus tout, la question est : était-il un nazi ou n’était-il pas un nazi ? Qu'est-ce qui détermine le fait d'être un nazi ? Est-ce votre appartenance au parti ou vos actes ? Et je pense que ce qui est intéressant est le fait qu’il soit membre du parti nazi alors qu’il ne se comporte pas du tout en tant que tel. Et en ce sens, je dirais que les actes et les comportements raisonnent plus que les mots. Et je pense que 70 ans plus tard, on peut faire des films sur des gens qui ne sont ni blancs ni noirs, ni bons ni mauvais, mais quelque part entre les 2. Et c’est ce qu’il est, c’est comme ça que je le vois. C’est pourquoi j’ai aimé raconté son histoire.  

zp8497586rq

Par France HatronClaude LelouchCes amours-là

Film français

Sortie : 15 septembre 2010

Genre : Comédie dramatique

Durée : 2 h

Réalisation : Claude Lelouch

Interprétation : Audrey Dana, Raphaël, Dominique Pinon, Liane Foly, Zinedine Soualem, Salomé Lelouch, Anouk Aimée, Laurent Couson

 Ce n’est pas un hasard si Ces amours-là fut montré en avant première mondiale, pour l’ouverture du Festival International du film de Moscou le 17 juin dernier. L’amour de Claude Lelouch pour la réalisation « est né à Moscou en 1957 sur le tournage de Quand passent les cigognes, en regardant Mikhaïl kalatozov tourner son film dans les studios de Mostfilm ». Il fut « l’un des tous premiers à l’époque à avoir filmé, la caméra planquée sous le duffle-coat, la vie quotidienne en URSS* ». Le cinéaste fait d’ailleurs référence à la capitale soviétique à la fin de ce film.      

Un avocat qui est aussi un talentueux joueur de jazz, interprété avec brio par le chanteur Raphaël, raconte la vie d’une de ses clientes qui tua un homme quelques années auparavant. L’histoire qui suit est celle de cette femme particulière, particulièrement touchante…

A Paris, sous l’occupation allemande, la jeune et belle Ilva est amoureuse d’un jeune français bien sous tous rapports. Elle doit un jour demander une faveur à un officier allemand, ce qui va modifier le cours de sa vie.

N’ayant pas été élevée par son père de sang, Ilva s’est forgé un caractère d’acier et a appris à se battre dès son plus jeune âge. Elle semble avoir hérité de l’énergie, de la force psychologique et du courage de sa mère. Sans être calculatrice, Ilva a la particularité de tomber vite amoureuse, ce qui ne sert pas toujours ses intérêts. Elle nous laisse d’ailleurs imaginer qu’elle préfère aimer un homme plutôt que d’être aimée, ce qui va l’amener à faire de très mauvais choix dans sa vie. Des choix qui auront une influence significative tant sur elle que sur sa vie tout entière. Ilva est une femme très libre pour son époque et courageuse. Elle fait passer l’amour avant tout le reste dans sa vie car elle raisonne avec son cœur qui prendra sans cesse le dessus sur sa raison.

Un personnage qui pourrait être le double de Claude Lelouch au féminin, en somme. Une analyse que le cinéaste approuve volontiers*.

L’atmosphère à la fois chaleureuse et nostalgique propre à Lelouch habite chaque séquence de Ces amours là. La structure du scénario, intelligemment élaborée, permet deux niveaux de lecture : celui de l’histoire d’Ilva au travers des années, mais aussi celui de l’œuvre complète de Claude Lelouch qui est retracée ici en toile de fond et connectée par petites touches à la fiction.

L’auteur disperse petit à petit des extraits de ses 42 films précédents et fait de gros plans sur les comédiens qu’il a tant aimés et transcendés dans son oeuvre. Il semble vouloir les remercier dans ce film qui pourrait être une sorte d’hommage à sa carrière et à celle des acteur

s sans lesquels il ne serait pas grand-chose. C’est d’ailleurs lui qui le dit.

On retrouve des acteurs inoubliables comme Evelyne Bouix, Marie-Sophie L., Anouk Aimée, Alessandra Martinez, Nicole Garcia, Jean-Louis Trintignant… et un chanteur talentueux, à succès : Raphaël qui se voit confier deux rôles dans le même film : celui du premier amour d’Ilva et celui du dernier. Lelouch a toujours essayé de s’imprégner de l’air du temps en mettant en scène des personnalités en vogue – chanteurs, hommes politiques, journalistes, sportifs de haut niveau – autant d’hommes et de femmes qui contribuent à livrer des captures émouvantes de l’époque filmée. Avec Raphaël, qu’il n’affectionne pas seulement pour son talent, mais aussi pour sa beauté, son charme et son aura auprès de la jeune génération, il continue sur sa lancée. Comme par le passé avec Patricia Kaas dans And now ladies and gentlemen, et Bernard Tapie dans Hommes femmes mode d’emploi.

L’histoire se savourera avec un plaisir d’autant plus illimité si le spectateur possède une bonne culture de l’œuvre de Lelouch. Quand Ilva hésite entre deux hommes, Bob et Jim, on ne peut que se remémorer Jeanne Moreau, le cœur battant entre Jules et Jim de François Truffaut. Lelouch avoue aisément que « le parallèle n’est pas une pure coïncidence mais bien une référence* » au film mythique. De même que les scènes du projectionniste du cinéma où travaille Ilva nous font penser au Cinema paradiso de Giuseppe Tornatore et à la propre histoire de Claude Lelouch. Ses parents se sont en effet rencontrés pour la première fois dans un cinéma et le réalisateur juif fut en plus caché dans un cinéma durant la seconde guerre mondiale. Que dire des séquences où les Allemands occupent le cinéma, lieu qui devient alors l’endroit où il faut être vu, celui où l’on vit et celui l’on meurt, un peu comme le théâtre transformé en cinéma dans Inglorious Bastards de Quentin Tarentino. Aucune intention de plagier qui que soit pour Lelouch. Il a seulement l’intention, avec ses patchworks de recréer les émotions que son public a particulièrement aimées dans ses films, celles qu’il a adorées dans les films des autres et celles que le public va ressentir grâce à Ilva et aux hommes de sa vie.

Le cinéaste porte un vrai regard d’amour sur ses personnages, même sur l’officier allemand qui tient entre ses mains le destin du beau père d’Ilva. Ce qui donne au film une légèreté qu’il n’aurait pas, vu le contexte historique et la dramaturgie de l’histoire en constante progression. Mentionnons la scène légendaire dans laquelle l’officier allemand commence à jouer la Marseillaise à l’accordéon, pour les beaux yeux d’Ilva ! Mélodie qui résonne à tue tête dans le quartier général de la Gestapo, sous l’œil décontenancé des officiers. Un moment hilarant et fort en émotions.

Lelouch a pris le parti de filmer ses acteurs à hauteur d’yeux, de faire évoluer sa caméra au milieu d’eux comme un énième comédien qui a tellement sa place qu’on le voit plus. Il a « toujours voulu rendre libres ses acteurs pour capter leur subconscient plutôt que leur savoir* ». Ainsi transcendé, leur jeu convainc et fascine. La poésie et la sensualité des dialogues très bien écrits – on sait tout le talent que Claude Lelouch reconnaissait à Michel Audiard avec lequel il aurait aimé faire un film* – s’ajoutent à celle des images.

Claude Lelouch a toujours aimé « foncer à la rencontre du public* », au risque de se brûler parfois les ailes avec la critique. Avec Ces amours-là, il fait coup double, coup triple même puisqu’il se rend un bel hommage, faisant de cette oeuvre presque un film d’adieu, au moins une belle révérence à l’homme et à l’artiste.  

* Propos confiés à France Hatron lors d’une interview réalisée pour RFI le 6 juillet 2010 et diffusée à deux reprises, le 15 août et le 26 septembre 2010 dans l’émission de Catherine Ruelle Cinéma d’aujourd’hui Cinéma sans frontières.

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Par France Hatron Daniel & Ana

Film mexicano-espagnol

Sortie : 31 mars 2010

Genre : Drame

Durée : 1 h 30

Réalisation : Michel Franco

Scénario : Michel Franco   

Interprétation : Dario Yazbek Bernal, Marimar Vega, José Maria Torre, Luis Miguel Lombana, Montserrat Ontiveros  

Daniel et Ana, qui  fut notamment présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur qui mènent une vie sans problèmes dans une famille aisée de Mexico. Ana est sur le point d’épouser Rafael appelé à une carrière internationale. Daniel, lui, a une petite amie avec laquelle il semble un peu gauche. Normal, car il entre à peine dans l’âge adulte.

Le frère et la sœur se font un jour kidnapper lors d’un trajet en voiture. L’on s’attend bien sûr au déroulement classique d'un scénario truffé de suspense et d'appréhensions, suite à une demande de rançon, ma

is il n’en sera rien. Daniel et Ana vont être contraints, pour sauver leur peau, de se faire subir l’un à l’autre, devant l’objectif de la caméra de leurs ravisseurs, des actes d’une violence physique et psychologique extrêmes dont ils ne sortiront pas indemnes.

Ce film inspiré de faits réels bouscule tant par les actes violents qu’il dépeint que par la liberté d’analyse et de jugement qu’il laisse au spectateur en ne s’apitoyant jamais sur le sort des victimes. La construction originale du film, élaboré sans musique anonciatrice des drames, laisse finalement défiler ces drames au même rythme que le reste du film. Un parti pris qui surprend certes mais aide aussi à rendre l'insupportable plus soutenable. 

Les comédiens servent le propos avec brio. Ils n'ont pourtant pas fait d'essais pour leur rôle. Le réalisateur s'est contenté de leur expliquer très clairement la psychologie des personnages qu'ils ont sans aucun doute bien analysée, bien comprise et bien restituée. En situant l'histoire dans une famille bourgeoise éduquée, le cinéaste montre que les drames ne touchent pas seulement les milieux défavorisés et que les blessures installées ne s'envolent pas plus vite à la lueur de l'argent. Son sujet devient donc universel.

Michel Franco nous emmène loin dans l’horreur, mais en évitant tout voyeurisme et sentimentalisme exacerbés. Le spectateur ne peut toutefois, lui non plus, ressortir indemne d’un tel drame.

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La buena vidaPar France Hatron

Film chilien

Sortie : 17 mars 2010

Genre : Drame

Durée : 1 h 48

Réalisation : Andres Wood

Interprétation : Francisco Acuna, Jorge Alis, Daniel Antivilo, Alfredo Castro, Belgica Castr

Après Mon ami Machuca où Andres Wood s’intéressait à Santiago du Chili en 1973, avant le coup d’état, il dresse ici une Galerie de portraits touchants inspirés d’histoires vraies de nos jours. Teresa, mère d’une fille de 15 ans, travaille au planning familial où elle reçoit des prostituées qu’elle est censée aider mais elle en est si émoignée. Edmundo, un coiffeur de 40 ans, vit plan-plan entre son sa

lon et l’appartement qu’il partage avec sa mère. Son cœur balance entre acheter une voiture et remplacer l’ancien caveau familial par un nouveau, flambant neuf. Mario, lui, est clarinettiste. Il joue dans l’orchestre des carabinieros bien qu’il eut de loin préféré l’orchestre philarmonique. Quant à Patricia, jeune mère d’un nourrisson, l’insoutenable poids de la vie lui fait perdre pieds progressivement. »Lire la suite…

Par Sabine LonginMammuth

 Film français

 Sortie : le 21 avril 2010

 Genre : Comédie dramatique

 Durée : 1h32

 Réalisation : Benoît Delépine et Gustave Kerven

 Interprétation : Gérard Depardieu, Yolande Moreau, Benoit Poelvoorde, Miss Ming, Blutch, Philippe Nahon, Bouli Lanners, Anna Mouglalis, Siné et Dick Annegarn

Avec la participation d’Isabelle Adjani

Serge Pillardosse incarné par Gérard Depardieu vient d’avoir 60 ans. Ouvrier depuis l’âge de 16 ans, il part à la retraite, quittant son poste d’employé boucher dans une PME alimentaire.

Le film s’ouvre sur une scène jubilatoire. Les collègues de Serge, atones, grignotent sans s’interrompre des biscuits d’apéritif, le nez rivé sur leur bol (chacun le sien !) alors que s’égrène le discours d’adieu. Le nouveau retraité rentre chez lui, dépose son cadeau de départ sur la table de la salle à manger : un puzzle d’un château français de 3000 pièces !

Le lendemain, première journée de retraite. C’est l’anarchie : après avoir parcouru le supermarché où travaille sa femme (l’excellente Yolande Moreau), laissé pour mort un homme au rayon surgelé, raillé le vendeur du rayon charcuterie, il réintègre, désabusé, le domicile conjugal.  Peu bricoleur, il va rester enfermé dans les toilettes dont il avait tenté de réparer la poignée. Sa femme découvre cet affligeant spectacle, l’exhorte à effectuer au plus vite les démarches administratives nécessaires au versement de ses indemnités de retraite. Il lui

manque des points car certains employeurs ont oublié de le déclarer ! L’épouse n’en peut déjà plus : « je suis à deux doigts de passer de l’homéopathie aux tranquilisants ! »

Alors, Serge enfourche sa vieille moto des années 70, une « Mamut » qui lui vaut son surnom, et part à la recherche de ses bulletins de salaires.

Ses déboires succèdent aux déconvenues. Il rencontrera successivement son amour perdu (Isabelle Adjani), un gardien de cimetière (Dick Annegarn), un viticulteur (Siné), une fausse handicapée (Anna Mouglalis), un concurrent (Benoit Poelvoorde), … »Lire la suite…

ChicasPar France Hatron

Film français

Sortie : 10 mars 2010

Genre : Drame

Durée : 1 h 24

Réalisation : Yasmina Reza

Interprétation : Emmanuelle Seigner, Carmen Maura, André Dussollier, Valérie Dréville, Bouli Lanners

Trois filles élevées en France n’ont presque rien en commun, à part leur mère espagnole et leurs souvenirs. La madre, veuve, décide de rassembler ses « chicas » autour d’un déjeuner pour leur présenter son nouveau fiancé, Fernand, l’administrateur de son immeuble de banlieue. Pilar est très fière de ses filles dont elle parle sans cesse. L’une est une actrice de cinéma belle et célèbre, l’autre une actrice de théâtre, pas belle, sans aucune notoriété et vivant tant bien que mal dans l’ombre de sa sœur. La troisième, mariée et mère de famille vient de trouver un amant. »Lire la suite…

Par France HatronNord

Film norvégien

Sortie : 10 mars 2010

Genre : Documentaire fiction

Durée : 1 h 18

Réalisation : Rune Denstad Langlo

Scénario : Erlend Loe

Interprétation : Anders Baasmo Christiansen, Kyrre Hellum, Marte Aunemo, Mads Sjøgård Pettersen, Lars Olsen.

Après une dépression nerveuse qui l’a conduit en hôpital psychiatrique, l’ancien skieur professionnel Jomar Henriksen travaille comme employé sur les pistes de ski norvégiennes. Sa petite cabane de bois lui sert de logement et de lieu de travail où il est sensé délivrer des forfaits de ski, quand l’alcool ne l’a pas trop assommé. S’il a c

onnu la gloire, il ne veut désormais plus entendre parler de ski et vit reclus dans son monde enneigé. Jusqu’au jour où un copain d’antan lui rend visite à l’improviste et lui annonce une nouvelle qui va changer son destin… »Lire la suite…