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Par Olivier PélissonRadio bonne

Age : pour tous
Sortie : 3 avril 2013

Durée : 1h43
Un film français
Genre : Documentaire
Réalisation : Nicolas Philibert

Des couloirs. Des portes. Des bureaux. Des fenêtres. Des ascenseurs. Des studios d’enregistrements. Des casques. Des micros. Des écrans. Des téléphones. Des magnétophones. Des CD. Des tables de régie. Des instruments de musique. Des voitures. Des motos. Des logos. Des parapluies. Et même un Jésus. Voilà les trésors de la caverne d’Ali Baba que Nicolas Philibert révèle dans son nouveau film, La Maison de la radio.

Une fourmilière et un monde à part qu’il capte avec son œil de lynx, son oreille à l’affût et son montage ingénieux. Il en faut du discernement pour faire un choix drastique parmi des heures de rushes et livrer 1h43 aux spectateurs. 1h43 au cœur d’une institution nationale qui réussit comme La Ville Louvre, qu’il filmait il y a vingt-deux ans, à éviter la célébration béate d’un lieu culte. Mais qui joue au contraire la carte de l’observation expérimentale. Le cinéaste ouvre ainsi ses sens techniques (œil-caméra et oreille-micro) pour capter l’invisible de la radio, l’envers du son, le hors-champ visuel.

Maison radio sans titreComment filmer ce hors champ ? Que choisir ? Où placer sa caméra ? Quelles images garder ? Comment monter ? Autant de questions que le cinéaste baladeur expérimente et résout en faisant. L’intuition et les conditions d’enregistrements font le reste. Tout comme quand

il saisissait en mouvement les bêtes inanimées d’Un animal, des animaux, les bruissements existentiels du Pays des sourds ou les patients et soignants comédiens de La Moindre des choses.

L’autre bonne idée est de ne pas chercher à balayer intégralement le champ des stations et des programmes. Toutes les émissions et vedettes maison ne sont pas représentées ou évoquées. Ce qui compte, le fil rouge, reste la ligne poétique et insolite d’une journée imaginaire, du jour à la nuit, (re)constituée d’innombrables moments glanés pendants six mois de tournage. Un jour parmi d’autres, déclinés comme une palette de saynètes dont on retrouve parfois des personnages, des lieux, des situations, tels des gimmicks. Avec des noms attendus ou non.
Comme pour une adaptation d’œuvre littéraire pour le cinéma, où un scénariste et un réalisateur investissent arbitrairement sur écran l’imaginaire de n’importe quel lecteur, Philibert met aussi en images ce qui par tradition reste ouvert au champ des possibles de chacun(e) : l’envers du décor de la radio. Même si certains programmes accueillent aujourd’hui des caméras qui enregistrent et diffusent en ligne.

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Plusieurs visages, voix et corps servent de guides, de ponctuations, du serveur-livreur Jésus à la journaliste d’infos Marie-Claude Rabot-Pinson et à la réalisatrice de fictions Marguerite Gateau. L’humour déborde, des plans de la tête du programmateur musical noyé dans ses piles de cd aux tics de candidats du Jeu des 1000 euros. Le ballet des corps mêle un animateur gesticulant devant son micro, une journaliste malvoyante droite comme un I, un commentateur sportif en plein Tour de France ou un reporter en panne d’avion bloqué derrière son bureau.

Et la magie opère au détour d’une évocation, d’une réflexion, d’une conversation. Comme dans la rencontre drolatique qui réunit Alain Veinstein et son invitée romancière Bénédicte Heim. Philibert en retient un jeu de regards, de moues et de silences qui vire au ping-pong visuel et sonore digne d’une séquence de Jacques Tati. Tout en folie douce. Tout en finesse. L’auditeur ne pourrait en saisir cette part invisible. Là brille l’essence-même de La Maison de la radio.

Par Thomas Constant

Master der der

Sortie : 9 janvier 2013

Age : A partir de 15 ans

Durée : 2 h 17

Un film américain

Genre : Drame psychologique

Réalisation : Paul Thomas Anderson

Interprétation : Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams, Laura Dern… 

Fixer le point. Le premier point que se fixe The Master est le précédent film de Paul Thomas Anderson, There Will Be Blood, qui sert ici de modèle. Un modèle épuré, délaissant le pluralisme des points de vue, des multiples parcours fonçant vers un même point de rencontre, au profit d’une confrontation constante, d’une opposition forcée entre deux variations de la folie. Le prospecteur contre le prêcheur, l’Idiot contre le Maître, le savant. En perdant ainsi sa mordante efficacité au profit d'un cynisme froid, Paul Thomas Anderson

réalise une œuvre intrigante mais qui semble un peu vaine. Le film est à l'image de l'une des expériences du Maître, Philippe Seymour Hoffman, qui impose à son Idiot utile, Joaquin Pheonix, de fixer un point au loin, d'aller le toucher, de le décrire, puis de faire demi-tour pour revenir à son point d’origine et recommencer dans le sens opposé,  inlassablement. Par ses images, ses formes, ses sons, le film balade le spectateur d'un point à un autre, puis de cet autre point vers celui de départ. Une structure narrative délicate, qui sans être pesante, échappe à toute projection empathique. La forme s'avérerait donc parfaite, à savoir conforme aux enjeux cliniques de l'expérience, si elle ne jouait pas en contrepoint avec deux séquences d'une rare éloquence sur lesquelles repose l'enjeu émancipateur du film.

image The master 3

La première séquence met à nu Freddie, l’Idiot, qui devant le savant va s’expurger de ses secrets. Sans cligner des yeux, et donc le plus rapidement possible, Freddie doit répondre aux questions du Maître. Pendant que

Joaquin Phoenix réalise une micro-performance, le spectateur choisit de fixer un point. Les yeux de l'acteur, qui ne cessent bien évidement de cligner. Mais au-delà de cette barrière, à travers cette fenêtre sur « l’âme », nous voyons ce qui a rendu le Maître si amoureux de son Idiot utile : son jeu. Le plaisir de retrouver une tension, une force, une performance brute filmée sans coupures ni ajouts. Joaquin Pheonix sur-joue néanmoins son rôle déjà trop écrit par sa propre histoire de star qui a feint la chute libre. Mais la séquence se tient, elle concentre l’attention, coupe le souffle et nous donne à faire corps avec celui de Freddie avant qu’une vision de son passé ne nous permette de respirer. Cette fusion des regards, celui de l’Idiot et de son Maître, de l’acteur et de son spectateur, ne retrouve son pendant et sa puissance que bien plus tard dans le film.

Isolé dans le désert, le Maître invite à une nouvelle expérience. Fixer un point vers l’horizon, l’atteindre le plus vite possible à dos de moto et revenir sans tarder vers l’autre point, celui du départ. Philip Seymour Hoffman commence, expérimentant son propre jeu, menaçant de tomber de son bolide lancé

à grande vitesse. Éreinté mais fier, il demande à son Idiot de faire de même. Ce dernier file, bien au-delà du désert, laissant sur le côté la caméra du réalisateur qui peine à garder la vitesse de Freddie. Point culminant du cynisme de Paul Thomas Anderson, cette séquence symbolise l’implosion du couple de fous, mais restitue surtout la condition du spectateur enchaîné à son fauteuil.

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Ni idiot ni maître, le spectateur est prisonnier d’un dispositif ancré culturellement et socialement depuis plus d’un siècle. Cette expérience est le cinéma. Rester immobile, silencieux face à l’écran, à l'image d'un condamné derrière ses barreaux qui chercherait vainement à voir au-delà. Le cinéma est autant une « fenêtre sur le monde » que l’œil de l’acteur le « reflet de son âme ». Le réalisateur ne cesse de nous dire de voir au-delà, de chercher au plus loin ce point. Reste à trouver intérieurement ce à quoi ce point peut faire référence, comme Freddie l'a vécu. Ou bien s'émanciper pour de bon de son maître et quitter fermement la salle pour colporter « la bonne parole » : oui, je suis un spectateur vivant, vibrant et libre de me détacher à tout moment de cette hallucination collective ! Reste à savoir si nous en avons l'envie et la force.

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Affiche du film

Par Olivier Pélisson

Sortie : 5 décembre 2012

Age : à partir de 10 ans

Durée : 1h50

Un film portugais

Genre : Fantaisie

Réalisation : Miguel Gomes

Interprétation : Teresa Madruga, Laura Soveral, Ana Moreira, Henrique Espirito Santo, Carloto Cotta, Isabel Cardoso, Ivo Müller, Manuel Mesquita…

Miguel Gomes persiste et signe. Son cinéma ne ressemble à aucun autre et son troisième long métrage continue de creuser un sillon dense et passionnant. Tabou fait suite à La Gueule que tu mérites et Ce cher mois d’août et revisite l’histoire du Portugal à sa manière.

Aurora a dépassé les quatre-vingt ans et perd copieusement la boule. Sans rien perdre de sa cocasserie. Dès qu’elle le peut, elle s’échappe pour aller jouer son argent au casino. Mais sa femme de ménage veille au grain. Santa est capverdienne et sa « maîtresse » est persuadée qu’elle use du vaudou pour l’envoûter. Pourtant, ce que préfère Santa c’est lire « Robinson Crusoé » en fumant tranquillement. Quant à Pilar, retraitée bienfaisante et sans reproches, elle s’étonne des délires de sa vieille voisine mais ne comprend pas l’antipathie de sa bonne.

Tout ce présent pépère et rythmé par les fuites de l’aînée est dynamité par la requête d’Aurora qui n’en a plus pour longtemps à vivre : retrouver un homme qu’elle a connu cinquante ans plus tôt. Le film et les deux autres femmes partent alors à la recherche de l’inconnu et décollent vers un paradis perdu : les jeunes années d’Aurora dans une lointaine colonie africaine.

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3″ height= »191″ />Miguel Gomes invoque alors la magie du cinéma muet, la puissance esthétique du Super 8 et le romanesque colonial cher à Karen Blixen et à sa ferme africaine. Une fantaisie atypique et débridée nourrit la seconde partie du film et fait un écho rafraîchissant à la première. La vieille voisine délirante a été une belle et jeune aventurière de l’amour, au pied d’une montagne aux pouvoirs surnaturels.

Les femmes font avancer le récit comme elles font avancer le monde et le cinéaste les célèbrent sans les sacraliser. Il croit aussi dur comme fer au cinéma, à son histoire et à son pouvoir de fascination. Tabou en évoque ainsi un autre, le film ultime et éponyme de Murnau datant de 1931 et centré sur la fuite amoureuse d’un jeune couple interdit à Bora-Bora. Le jeune portugais rend hommage à son aîné allemand et explose la célébration respectueuse en s’amusant comme un petit fou.

Car les vieilles indignes font ce qu’elles veulent au présent. Enlever et remettre le tableau horrible d’un ami quand il passe. S’enfuir dans les couloirs et taper aux portes. Jusqu’à prendre la poudre d’escampette définitive. Et dans la seconde partie, les acteurs disent parfois ce qu’ils veulent dans les images sans paroles que le spectateur, s’il est liseur sur les lèvres et lusophone, peut s’amuser à déchiffrer. Le tout dans un noir et blanc charbonneux qui aspire le regard et l’esprit. Tout

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comme le crocodile fétiche voit tout et veille…

Pour ce trait d’union entre hier et aujourd’hui, entre l’ici et l’ailleurs, Gomes a eu la bonne idée de construire un casting avec des interprètes venus du Portugal, des Açores, du Cap-Vert et du Brésil, et rassemblant à eux tous la riche histoire du septième art portugais, de Manoel de Oliveira à João Pedro Rodrigues, de João Cesar Monteiro à João Botelho, de Fernando Lopes à Teresa Villaverde.

Une heure cinquante de plaisir savoureux qui a déjà séduit la 62e Berlinale, où Tabou a reçu le Prix Fipresci de la critique internationale et le Prix de l’innovation Alfred Bauer en février, et le Festival Paris Cinéma, où il a glané un Coup de cœur du jury et le Prix des bloggeurs et du web en juillet dernier.

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Par France Hatron

Sortie : le 17 octobre 2012

Age : à partir de 10 ans

Durée : 1h27

Un film français sénégalais

Genre : Drame

Réalisation : Moussa Touré

Interprétation : Souleymane Seye Ndiaye, Laïty Fall, Malamine Drame, Balla Diarra, Salif Jean Diallo, Babacar Oualy, Mamae Astou Diallo, Saikou Lo…

Un village de pêcheurs en banlieue de Dakar voit régulièrement s’éloigner des pirogues chargées de Sénégalais, désabusés mais résignés, qui n’ont plus qu’un espoir : fuir pour gagner leur paradis, quitte à quitter femme et enfants à jamais. Le paradis, c’est l’Europe et dans un premier temps l’Espagne et ses îles Canaries, situées à une poignée de nœuds, soit sept jours de navigation ! Même si, tous les jours, des milliers d’Africains meurent noyés au large de ces îles, le rêve de ceux qui restent doit devenir réalité à tout prix… « Vas en Chine, c’est la crise en Europe », lance une femme à son mari qui souhaite quitter son fief. Les Sénégalais ont bien conscience que le rêve Européen n’est plus ce qu’il était mais que faire, sinon subir en silence ?

Le capitaine du bateau craint d’affronter l’océan déchaîné mais va devoir s’y astreindre. Tout comme sa trentaine de passagers, il devine ce qui l’attend.

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www.lecinemadanslesyeux.com/la-pirogue/image-la-pirogue/ »>Pour plaider la cause des immigrants clandestins, héros de la mer, Moussa Touré concentre la narration de son histoire sur une barque de pêcheurs vétuste. En quasi huis clos, il témoigne, avec pudeur et délicatesse, de la souffrance d’un peuple tout entier. Il réunit des hommes marqués par l’épreuve de la vie mais en apparence calmes et qui ne manquent pas d’humour. Appelés à vivre dans des conditions climatiques désastreuses, sans eau potable, ni espoir de survie, ils vont cependant se révéler moins tendres qu’il n’y paraissait.

Moussa Touré ne s’apitoie pas. Il évite brillamment l’écueil des regrets, des pleurs, de la sensibilité exacerbée et de la sexualité en berne. Il filme ses personnages en gros plans, révélant des visages magnifiques, criant de

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vérité, mortifiés par la fatigue et l’angoisse. La tempête les surprend et nous surprend aussi à la façon d’un documentaire. On est bien loin des effets romanesques de Titanic !  La tension nous cheville au corps et l’on oublie la fiction pour ne s’attacher qu’au réel, à cette bataille meurtrière entre une pirogue de

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pêche détournée de sa fonction première et l’océan terrifiant. Ce bateau-là s’érige en symbole de liberté.

La pirogue, présentée et ovationnée au Festival de Cannes 2012 dans la section Un certain Regard, était le seul film de l’Afrique subsaharienne en compétition.

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par Olivier Pélisson

Sortie : le 31 octobre 2012

Age : à partir de 15 ans

Durée : 1h36

Un film brésilien

Genre : Drame

Réalisation : Marcos Prado

Interprétation : Nathalia Dill, Luca Bianchi, Livia de Bueno, Bernardo Melo Barreto, César Cardadeiro, Divana Brandão…

Etonnant film sensoriel que Les paradis artificiels. Marcos Prado livre là son premier long métrage de fiction. Une plongée sans complexe dans l’expérience de la drogue, du désir, du sentiment et de l’aventure existentielle. Sous influence ou pas, les personnages font un voyage au bout d’eux-mêmes, entre le Brésil et les Pays-Bas.

Erika rejoint tout d’abord une immense « rave » sur une plage du Nordeste brésilien avec sa copine Lara. Elle rêve de faire connaître ses talents de DJ. Nando s’y rend aussi avec un ami. Les trois êtres se croisent et s’unissent en pleine nuit, dans le feu des substances chimiques et des fluides corporels. Deux ans plus tard, Nando séjourne à Amsterdam d’où il va rapporter dans ses bagages des drogues de synthèse pour un ami. Il y retrouve par hasard Erika devenue reine des platines et rangée des voitures côté consommation. Ces deux là en pincent à nouveau l’un pour l’autre. Mais la vie n’est jamais simple…
Evitant l’écueil du film clip, de la vitrine branchée, de la propagande consumériste ou du pensum moraliste, Marcos Prado s’intéresse avant tout au chemin de ses personnages. Il donne à voir une jeunesse avide de sensations et de liberté physique et psychique. Quitte à tout tester pour mieux se connaître. Ou pour échapper au quotidien ? A un futur déjà trop lisse et phagocyté par la mondialisation ? Avant d’écrire et de filmer son récit, il a longuement enquêté afin de

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mieux appréhender la jeunesse. Ses aspirations. Ses expérimentations. Ses visions.

Mais le riche parcours documentaire de l’auteur n’empêche pas la fiction d’exister fort. Erika et Nando guident l’action et le spectateur dans les allers et retours entre les deux continents et les différentes temporalités étalées sur six ans. Une audace narrative qui paie. Ce sont les vibrations intérieures des êtres qui mènent. Ils donnent de la chair et du nerf aux images. Ils impulsent leur vitalité et leurs doutes au flux de l’action. Les délires sous substances sont rendus comme rarement via une mise en scène précise. Au plus près des visages, des corps, des peaux, et du souffle de ces adultes en devenir. On sent même les acteurs s’oublier au bénéfice de leurs personnages.

Tout le travail formel

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et technique brille par sa maîtrise et sa fluidité. Et toujours au service de l’histoire. Il faut citer l’image de Lula Carvalho, le montage de Quito Ribeiro et le son de Leandro Lima, Alessandro Laroca, Armando Torres Jr et Eduardo Virmond Lima. Un brio esthétique d’autant plus notable qu’il accompagne l’émotion à l’œuvre et réussit à rendre vibrante l’humanité nomade des Paradis artificiels. Jusqu’au crescendo des dernières scènes cariocas, quand la concrétude parfois triviale de la vie rattrape les jeunes anges épris d’absolu.

La bande son électro de Rodrigo Coelho et Gustavo MM nourrit aussi les tâtonnements des êtres. Loin d’en faire une bande démo fabriquée, elle souligne au contraire leurs états intérieurs. Car la jeunesse à l’œuvre est toute entière tournée vers ses sens. Au rythme de son pouls et à l’écoute des pulsations du monde. Pas évident de bâtir un tel film sans tomber dans le cliché ou dans la complaisance, de l’esthétisme « hype » à la virée trash. Les paradis artificiels y échappent et renvoient un écho nouveau aux amours hippies du More de Barbet Schroeder (1969), quarante-trois ans plus tard.

Déjà auteur du portrait documentaire Estamira (2004) et producteur du diptyque musclé et triomphal de son complice José Padilha Troupe d’élite (2007-2010), Marcos Prado s’annonce comme un protagoniste prometteur du cinéma brésilien. A suivre de près.

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Par France Hatron

A partir de 12 ans

Un film français

Sortie : 17 octobre 2012

Genre : Comédie dramatique

Durée : 1 h 31

Réalisation :

Louis-Do de Lencquesaing

Scénario :

Louis-Do de Lencquesaing

Interprétation : Marthe Keller, Valentina Cervi, Alice de Lencquesaing, Bernard Verley, Louis-Do de Lencquesaing, Xavier Beauvois, Laurent Capelluto, Ralph Amoussou, Enola Romo-Renoir, Denis Podalydes…

Au galop a été présenté à La Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2012.

Ada est une trentenaire bien dans vie, bien dans sa tête et dans sa peau. Elle a cette beauté saisissante des femmes qui se savent belles mais ne montrent pas qu’elles le savent, ce qui leur donne cette touche naïve devant laquelle aucun homme ne recule. Paul se laisse happer au premier regard par cette jolie brune, un brin intello, à l’accent italien sensuel. Elle va se marier avec le père de sa fille. Il l’apprend très vite et doit bien s’en accommoder.

La question

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du choix va évidemment se poser pour la belle insoumise qui, à la manière de Catherine (Jeanne Moreau) tiraillée entre Jules et Jim, va chercher à sauver sa peau. L’atmosphère de Truffaut plane dans ce film, pas seulement du fait de son propos mais aussi grâce à cette voix off lancinante de Louis-Do. Un Louis-Do à toutes les commandes dans son premier film puisqu’il l’a écrit, réalisé et qu’il y incarne l’un des deux rôles principaux, celui de l’amant qui est aussi le père de Camille, sa vraie fille dans la vie.

Sa distribution

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impressionne. Valentina Cervi en amoureuse transie, Marthe Keller en mère noble déjantée et Alice de Lencquesaing en fille à papa bobo, lucide et sensible, crèvent l’écran. En tant qu’acteur, Louis-Do sait s’imposer avec pudeur et nonchalance devant ces femmes fortes qui décident de leur destin sans user de la force, juste de leur intelligence et de leurs désirs profonds. Ces femmes dépeignent avec une grande vérité les moteurs qui font avancer les Femmes d’aujourd’hui : leur courage, leurs faiblesses mais aussi leur force et leur sens du devoir.  En tant que réalisateur, il pose sur elles un regard admiratif et plein de compassion. Ainsi son personnage de Paul devient une victime presque consentante, puisqu’il a compris les femmes de notre époque.

Les dialogues sont affutés, souvent très drôles, et particulièrement ceux qui évoquent la mort. On retiendra la scène des chaussettes en cachemire choisies par la veuve (Marthe Keller) pour habiller son défunt mari ! Elle a peur qu’il ait froid dans sa tombe ! Eclats de rire de ses deux fils (Louis-Do et Xavier Beauvois) qui lâchent : « Heureusement qu’il nous entend pas ! S’il nous entendait, il rendrait les chaussettes ! »

Ce film touche sans faire mal, il ne dénonce rien, ne juge personne. Il prend seulement la température d’une époque et d’un milieu social avec une petite touche de mélancolie, corsée par la musique électronique envoûtante d’Emmanuel Deruty. Une mélancolie qui, bien qu’estompée par rapport à celle du maestro François Truffaut, nous berce ici tendrement et nous redonne goût à la nouvelle vague, au galop !

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Par Guillaume Dimanche


Réalisation : Leos Carax

Scénario & Dialogues : Leos Carax

Images :

Caroline Champetier

Décors : Florian Sanson

Musique : Neil Hannon

Montage : Nelly Quettier

Son : Erwan Kerzanet

Interprétation : Denis Lavant (Mr Oscar), Edith Scob (Céline), Eva Mendes (Kay M), Kylie Minogue (Eva Grace), Michel Piccoli (L'homme à la tache de vin), Elise Lhommeau (Léa).


La journée de travail type de Monsieur Oscar… Il enchaîne les rendez-vous, coaché par Céline, son chauffeur, secrétaire et confidente. Oscar va naître 10 fois au travers de personnages divers : un grand patron, une mendiante roumaine, un tueur. Il va mourir plusieurs fois aussi. On le voit notamment, puissant, riche et vieux, confronté sur son lit de mort, à Léa, une belle et douce jeune femme pour laquelle il déploie ses dernières forces avant de lui souffler les mots de la fin. La puissance du regard d’Elise Lhommeau, qui incarne Léa, nous ramène à celui de Charlotte Rampling dans Portier de nuit.

La mise en scène oblige à osciller sans cesse entre réalité et fiction, entre décors naturels et images numériques. Le cimetière du Père Lachaise n’est pas redessiné en studio. Il s’agit bien de l’original, juste transformé, à l’image du protagoniste. Et cet Oscar, lui, est-il un personnage fictif dans la vie réelle, aliéné aux caméras comme un héros de téléréalité ? Les 10 vies s’enchaînent, laissant juste à Oscar un court instant pour remercier sa partenaire à la fin

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d’une séquence ou annoncer le prénom de sa partenaire suivante.

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Par Olivier Pélisson

Historias

Le septième art « brasileiro » a particulièrement brillé en mai dernier en France avec la 14e édition du Festival du Cinéma Brésilien de Paris et la présence au 65e Festival de Cannes de cinéastes en compétition officielle (Walter Salles), en séances spéciales (Nelson Pereira dos Santos, Ruy Guerra), en sections parallèles (Anita Rocha da Silveira, Leonardo Sette & Isabel Penoni, Juliana Rojas) et dans les divers jurys (Carlos Diegues président de la Caméra d’Or, Karim Aïnouz dans le jury de la Cinéfondation et des courts métrages).

L’été s’annonce aussi chanceux de présence brésilienne avec la sortie de trois nouveaux longs métrages : Historias, les histoires n'existent que lorsque l'on s'en souvient de Julia Murat le 18 juillet, Insolation de Daniela Thomas et Felipe Hirsch le 25 juillet, et Tourbillon de Clarissa Campolina et Helvecio Marins Jr le 15 août.

Un constat rare pour être signalé. Le nombre de productions brésiliennes ayant droit à une sortie française se compte en effet, chaque année, sur les doigts d’une main. 2003

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a atteint le record avec cinq films (Avril brisé de Walter Salles, La Cité de dieu de Fernando Meirelles, Madame Satã de Karim Aïnouz, A la gauche du père de Luiz Fernando Carvalho et Moro no Brasil de Mika Kaurismäki), ex aequo avec 2012 (les trois précités, Trabalhar Cansa de Juliana Rojas & Marco Dutra en avril, Les Paradis artificiels de Marcos Prado annoncé en octobre).

Si certaines grosses productions françaises (OSS 117 Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius) et américaines (Rio de Carlos Saldanha, Fast & Furious 5 de Justin Lin) ont récemment pris pour cadre le pays dans son versant exotique, il est finalement difficile de suivre la cinématographie nationale vu d’ici. D’autant plus que les têtes de file du cinéma brésilien s’en vont régulièrement tourner ailleurs, de Walter Salles aux Etats-Unis (Dark Water, Sur la route) à Karim Aïnouz à Berlin (Praia do futuro), en passant par Fernando Meirelles entre l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord (The Constant Gardener, 360).

Heureusement, d’autres donnent des nouvelles de leur pays. Deux tendances ressortent des trois films présentés en cet été hexagonal. D’un côté, les personnalités établies de la scène et des arts, Daniela Thomas et Felipe Hirsch, signent un film esthétisant dans la ville ultra graphique de Brasilia. De l’autre, de jeunes cinéastes visitent les terres reculées du Brésil et confrontent les jeunes générations aux anciennes dans une lignée ou réalisme et poésie se mêlent. Trois propositions. Trois visions. Et trois raisons de voyager sur grand écran.

Insolação suit les pas de personnages en proie au doute existentiel et au gouffre des sentiments, dans une cité déserte et dominée par ses lignes horizontales, verticales et obliques. Une vraie léthargie écrase les êtres tout comme le soleil frappe les corps et les matériaux. Et donne le ton de cette variation brésilienne inspirée des récits des maîtres russes Tchekhov, Pouchkine ou Tourgueniev. Il est question d’hommes et

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de femmes, jeunes ou moins jeunes, qui se dépatouillent avec leurs pulsions et la peur de la perte de l’être aimé. Voir même du sentiment. Mais ce récit d’implosion de l’amour reste avant tout marqué par sa forme, ultra soignée, trop finalement, tant elle étouffe l’émotion et la charge sensorielle de cette charpente sclérosée sur sa construction savante. D’autant plus que le narrateur apparaît régulièrement dans un snack et donne à lire des textes à des êtres de passage, le long d’un ennui larvé. Thomas & Hirsch sont des artistes esthètes reconnus pour leur travail formel et leur inventivité sur des mises en scène, scénographies, décors et installations (Hirsch vient de mettre en scène à Rio de Janeiro O Livro de itens do paciente estevão d’après un roman de Sam Lipsyte, dont Thomas a assuré la scénographie et les décors). Mais on peine ici à ressentir ces tourments de l’âme et du cœur.

Tourbillon réussit la gageure d’allier une recherche esthétique à un regard humaniste. Les deux héroïnes du film sont octogénaires et mènent avec joie et résistance le fil de leur existence dans un village reculé du Sertão, dans le nord du Minas Gerais. Le cadre fait parfois des inserts sur des détails et des éléments du décor, saisis de manière quasi photographique. Loin d’enfermer le film dans un dispositif trop ostentatoire, il se mêle au contraire à sa portée documentaire. Le duo de cinéastes a fait le pari de suivre les personnages dans leur réalité. Tous se retrouvent pour la première fois devant la caméra et jouent leur propre vie. Dans leurs intérieurs rudimentaires comme sur le perron de leurs maisons. Derrière les fourneaux ou devant la machine à coudre. Une expérience qui lie ainsi intimement le témoignage à la fiction. Bastu et Maria font don de leur allégresse et de leur fantaisie, tout comme elles donnent à voir leur quotidien. Les éléments sont présents, terre, eau, vent, et insufflent à la fiction un souffle de poésie. Maria chante encore et encore. Les mélodies locales et les rythmes scandent les images avec une grâce toute simple. Et le charme opère. Mélancolique. Tourbillon touche à l’universel a travers ce récit de vie et de mort au rythme du soleil et de la nuit.

Insolation

Avec Historias, Julia Murat rend elle aussi hommage aux plus anciens. Dans la vallée de Paraiba dans la région de Rio de Janeiro, un village préservé du temps et de la technologie se voit bouleversé par l’arrivée d’une photographe baroudeuse. La jeunette se retrouve témoin des faits et gestes quotidiens et répétitifs de son hôte, Madalena. Celle-ci se lève aux aurores pour faire cuire le pain qu’elle porte chaque matin à la boutique de son ami Antonio. Ensemble, ils vont à la messe puis déjeunent avec la petite communauté menée par le curé. Le cimetière est fermé pour une raison obscure. Madalena s’assied devant la grille ou nettoie l’entrée. Elle écrit aussi des lettres d’amour à son mari défunt. La cinéaste capte avec une grande sensibilité le fil du temps du passe. Et la densité de chaque seconde. A pétrir la pâte à pain et manger de l’igname au petit matin. A siroter un café sur un banc. A jouer au lancer de fers à cheval au bord des voies ferrées. A

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se chamailler chaque jour autour des mêmes manies. A draguer la jeune femme de passage en lui assurant que la « machine fonctionne ». Des gestes triviaux transcendés par une sorte de pensée magique. Le lien à l’autre, vivant ou mort, maintient l’ordre et le calme fantomatique de ce lieu où l’on ne meurt plus. Ou presque. Chaque mouvement, chaque regard, chaque parole bouleverse.

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Par Bahia Allouache

Documentaire français

Age : à partir de 10 ans

Sortie : 11 avril 2012

Durée : 1h21

Réalisation : François Lunel

Interprétation : Dominique Léon, artisan coiffeur et sa clientèle

Le salon parisien de Dominique Léon est une libre reproduction de cabine de paquebot. Boisée, ouverte sur l’horizon de l’introspection à travers des miroirs en forme de hublots, cette cabine semble agir comme un appel au lâcher prise et au voyage intérieur. Chaque client, face à son reflet dans le miroir, choisit d’affronter son image ou de l’occulter, il choisit de parler ou de se taire, de se livrer ou de se cacher.

Dominique Léon est un artisan de quartier. Quand il manipule le cheveu, il n’est ni dans la prouesse technique, ni dans l’effet de mode. A chaque coup de ciseaux, il cherche plutôt à s’approcher au plus près de ce que sont les personnes qu’il coiffe. Le brushing de Guillemette ne sera pas celui d’Isabelle. La coupe de Jacques ne sera pas celle de David. Parce

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que chaque parole est singulière avec sa propre langue. Avec sa propre voix, et sa propre voie.

Chez Léon Coiffure, on parle de l’engagement politique, du monde du travail, de la vieillesse, des études, de la maladie. D’hier et de demain. Le verbe peut être abondant et creux, rare et bouleversant. La mélancolie se mêle à l’angoisse, l’espoir aux regrets.

Chacun se raconte et raconte les fragments d’une époque (2007-2011). Cinq années durant lesquelles François Lunel a saisi, avec sa caméra, le singulier pour le fondre dans le collectif.

Pour le réalisateur, ce film était un « travail sociologique » dans lequel il ne voulait « pas interférer ». Ce qui l’intéressait ? « Proposer un dispositif quasi mécanique et laisser faire ». Laisser faire pour donner à voir et à entendre. Il n’y a, à l’écran, la place que pour les visages et les témoignages. Très vite se pose alors la question du rapport

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de chaque client à la caméra (certains sont dans la séduction quand d’autres sont dans la fuite) et de chaque spectateur au film. Mais, tour à tour, dans la sincérité puis la feinte,

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la légèreté puis la gravité, la parole des clients éclipse tout risque de voyeurisme du spectateur en faisant affleurer l’essentiel : les silences de Dominique. Et soudain, « Chez Léon Coiffure » apparaît comme le portrait du plus discret des personnages du film : Dominique Léon.

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Par Bahia Allouache

Réalisation :

Michale Boganim

Coproduction française, polonaise, ukrainienne et allemande

Age : à partir de 10 ans

Sortie : 28 mars 2012

Durée : 1h48

Interprétation :

Olga Kurylenko, Andrzej Chyra, Serguei Strelnikov…

« La terre outragée », première fiction sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl

C’est sur la lecture d’une lettre adressée à un pommier que s’ouvre « La terre outragée ». Cette lettre, écrite par le jeune Valery, raconte avec les mots d’un adolescent l’attachement à la terre natale. Cette terre se trouve ici en Ukraine soviétique. Des champs, une forêt et cette rivière rieuse, au bord de laquelle Vladimir a planté son pommier, sur laquelle une petite barque glisse lentement, avec à son bord Anya et Piotr qui flirtent en pensant à leur mariage prochain, et au bout de laquelle point l’imposante centrale nucléaire de Tchernobyl.

En ce printemps 1986, la nature paisible, la sensualité des êtres et la technologie civilisatrice semblent avoir trouvé un point d’équilibre presque évident.

Mais l’histoire, nous la connaissons, veut qu’une pluie noire vienne s’abattre sur cette terre de paradis. En ce 26 avril, l’accident nucléaire qui se produit dans la c

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entrale Lénine va brûler cette terre et dévaster ses habitants. Les parcours et les rêves de Vladimir, Anya et Piotr se brisent en silence, dans le vertige du départ précipité, et de la mission patriotique à accomplir. Certains survivent, d’autres disparaissent. Et reste la radioactivité, ce mal continuel et impalpable.

L’assourdissant silence qui envahit les lieux fait étrangement écho au refus de l’oubli qui torture les personnages. Et c’est bien là tout le propos de Michale Boganim. Dans la continuité de « Odessa…

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Odessa ! » (2005), une trilogie documentaire sur l’immigration russe entre Odessa, New York et Israël, la réalisatrice israélienne de 37 ans choisit la fiction pour poursuivre son exploration du rapport à la terre natale et des méandres de la mémoire provoqués par l’exil et le

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déracinement. Comment composer avec le passé ? L’intérioriser et l’enfouir, ou le transmettre ?

Le personnage de Valery est parti avec sa mère pour Salvoutich, petite ville créée pour accueillir les rescapés de la catastrophe. Taciturne et bagarreur, l’adolescent est hanté par le souvenir de son pommier et de son père disparu. Son enfance à jamais perdue dans les ruines de la maison familiale.

Anya, elle, refuse l’exil. « Pourquoi je ne suis pas partie ? C’est ici chez moi. ». Dix ans plus tard, devenue guide touristique dans le cadre d’un douteux Tchernobyl tour, parce que chaque jour elle foule sa terre outragée, elle est désormais dépositaire d’une mémoire qui ne voyage pas :« Si je pars, qui racontera notre histoire ? »

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