Par France Hatron
Sortie :
5 novembre 2014
Durée : 1h48 min
Un film français
Genre :
Comédie dramatique
Réalisation :
François Ozon
Distribution :
Romain Duris, Anaïs Demoustier…
Deux amies très proches rencontrent leur futur mari presque en même temps et l’épousent presque simultanément. L’effet miroir s’arrête là… Laura et David ont une fille, Lucie, qui ne verra pas sa mère grandir puisqu’elle meurt d’une grave maladie peu de temps après son accouchement. Aux obsèques Claire – devenue la marraine de Lucie – prononce un discours d’adieu à son amie chère. Elle lui promet de veiller sur David et Lucie.
Pour surmonter le choc et l’absence de sa moitié tant aimée, David se travestit en femme avec ses vêtements, espérant ainsi calmer sa fille. Il lui donnera désormais le biberon, en perruque et maquillé. Il faut dire que « Se retrouver seul avec un enfant à élever, c’est trop dur ». Le ton est donné… La métamorphose exprimant un désir qui remonte à son enfance, elle n’aura rien d’éphémère. Au début Claire ne comprend pas son ami. Elle préfère d’ailleurs cacher à son mari l’énorme secret qui la lie à David. Mais, petit à petit elle accepte son nouvel ami il est, le défend, fait du shopping « entre femmes », et lui trouve même un nouveau prénom : Virginia.
De son côté, Claire se métamorphose autant que David. Elle devient plus féminine et vraiment libre, apprivoisant une personnalité plus proche de son identité profonde. Son personnage est finalement aussi central que celui de David. Chacun à sa manière, tâtonne et change de vie en se réinventant.
Leur relation légère et grave à la fois, touche intrigue et dérange. Notre malaise s’installe. Ozon ne cesse de brouiller les pistes, nous laisse croire à des coups de théâtre qui n’arrivent pas, surprend sans clichés. Il raconte une histoire pas banale sans juger. Il aime profondément ses personnages et il a beau pousser loin, très loin ses acteurs, ils s’en sortent miraculeusement bien.
On retiendra « la » scène inoubliable du film qui résume à la perfection les tourments et la beauté intérieure de Claire et David : celle de leur soirée dans un night club ringard où un travesti interprète Une femme avec toi de Nicole Croisille. David se retrouve dans cet homme transformé et il en pleure, mais pas de joie. Claire est, elle, chamboulée par le spectacle mais aussi éblouie. Son regard en dit long sur la métamorphose de tout son être. Elle a réellement pris conscience de ce qu’est devenu son ami et s’en accommode au bout du compte mieux que lui. Ni son éducation, ni son engagement marital ne freineront plus ses sentiments.
Avec Une nouvelle amie, Ozon confirme qu’il aime les femmes et qu’il adore les mettre en danger. Il nous a habitués, dans la plupart de ses films (Jeune & Jolie, Potiche, Le Refuge, Swimming Pool…) à jouer avec leurs sentiments et leurs limites sans jamais les soumettre à qui que ce soit parce qu’il les aime libres. Il renouvelle ici l’expérience et ose une fois de plus outrepasser les codes du « bien pensant ». Son audace atteint là son apothéose.