Par France Hatron
Age : à partir de 15 ans
Sortie : 2 juillet 2014
Durée : 1h34
Une comédie dramatique italienne suisse française
Réalisateur : Emma Dante
Avec : Emma Dante, Alba Rohrwacher, Elena Cotta, Renato Malfatti, Dario Cassarolo…
C’est l’été à Palerme. Rosa et Clara, la quarantaine, forment un couple en bout de course. Filmées de près dans une voiture brûlante, caméra à l’épaule, elles cherchent leur route pour aller célébrer le mariage d’une amie. Nous sommes des leurs dans cet espace confiné où la conductrice Rosa (Emma Dante), à l’allure d’une Emmanuelle Devos en colère, nous donne envie d’arriver vite à destination ! Rosa a fait sa vie à la capitale et déteste Palerme dont elle est originaire. Tous ses mauvais souvenirs d’enfance remontent à la surface, à l’image de la voiture qui lui fait front dans une ruelle étroite.
Samira, une vieille albanaise, conduit le véhicule adverse dans lequel les membres de la famille Calafiore, caricaturés à souhait, sont entassés. Ils s’agitent et s’impatientent dans l’habitacle avant de regagner leur demeure qui surplombe la voiture. Muette et blanchâtre, cette têtue de Samira refuse de reculer, comme si elle n’était pas assez usée par la vie ! Rosa non plus ne reculera pas car elle aussi est têtue. Une situation absurde poussée à son paroxysme qui ne se débloquera pas pendant la presque totalité du film.
L’exercice périlleux s’avère pourtant concluant en partie. L’interprétation des deux femmes aussi folles l’une que l’autre, prêtent à s’affronter jusqu’à la mort, comme dans une tragédie grecque, force l’admiration. Mais osons l’avancer : on eut préféré un court métrage. Allez, avec un peu d’indulgence : un moyen métrage ! Certaines séquences redondantes avec les précédentes irritent et mettent les nerfs à vif. La psychologie des personnages secondaires, creuse, ne nous sort pas de l’enfermement des protagonistes trop communicatif.
On l’aura compris, la réalisatrice Emma Dante, aussi écrivain et dramaturge, a appliqué fidèlement la règle des trois unités du théâtre classique. Elle s’est concentrée sur la rue où elle a vécu pendant dix ans, la Via Castellana Bandiera, nom qu’elle a d’ailleurs donné au titre original de son film. Elle porte un regard très critique sur les comportements de la caste prolétaire sicilienne que représente la famille Calafiore. Paradoxalement, elle ne juge pas ses personnages individuellement, comme si, prisonniers de leur milieu et finalement pas responsables de leur folie, ils avaient une bonne raison d’être tous devenus fous.