Film mexicano-espagnol
Sortie : 31 mars 2010
Genre : Drame
Durée : 1 h 30
Réalisation : Michel Franco
Scénario : Michel Franco
Interprétation : Dario Yazbek Bernal, Marimar Vega, José Maria Torre, Luis Miguel Lombana, Montserrat Ontiveros
Daniel et Ana, qui fut notamment présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, raconte l’histoire d’un frère et d’une sœur qui mènent une vie sans problèmes dans une famille aisée de Mexico. Ana est sur le point d’épouser Rafael appelé à une carrière internationale. Daniel, lui, a une petite amie avec laquelle il semble un peu gauche. Normal, car il entre à peine dans l’âge adulte.
Le frère et la sœur se font un jour kidnapper lors d’un trajet en voiture. L’on s’attend bien sûr au déroulement classique d'un scénario truffé de suspense et d'appréhensions, suite à une demande de rançon, ma
is il n’en sera rien. Daniel et Ana vont être contraints, pour sauver leur peau, de se faire subir l’un à l’autre, devant l’objectif de la caméra de leurs ravisseurs, des actes d’une violence physique et psychologique extrêmes dont ils ne sortiront pas indemnes.
Ce film inspiré de faits réels bouscule tant par les actes violents qu’il dépeint que par la liberté d’analyse et de jugement qu’il laisse au spectateur en ne s’apitoyant jamais sur le sort des victimes. La construction originale du film, élaboré sans musique anonciatrice des drames, laisse finalement défiler ces drames au même rythme que le reste du film. Un parti pris qui surprend certes mais aide aussi à rendre l'insupportable plus soutenable.
Les comédiens servent le propos avec brio. Ils n'ont pourtant pas fait d'essais pour leur rôle. Le réalisateur s'est contenté de leur expliquer très clairement la psychologie des personnages qu'ils ont sans aucun doute bien analysée, bien comprise et bien restituée. En situant l'histoire dans une famille bourgeoise éduquée, le cinéaste montre que les drames ne touchent pas seulement les milieux défavorisés et que les blessures installées ne s'envolent pas plus vite à la lueur de l'argent. Son sujet devient donc universel.
Michel Franco nous emmène loin dans l’horreur, mais en évitant tout voyeurisme et sentimentalisme exacerbés. Le spectateur ne peut toutefois, lui non plus, ressortir indemne d’un tel drame.