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Par Olivier Pélisson Photo Only_Lovers_Left_Alive

 

Age : A partir de 12 ans

Sortie : 19 février 2014

Durée : 2h03

Un film britannico-germano-franco-chypriote

Genre : Road-movie amoureux

Réalisation :

Jim Jarmusch

Distribution :

Tilda Swinton, Tom Hiddleston, John Hurt, Mia Wasikowska, Anton Yelchin, Jeffrey Wright, Slimane Dazi…

 

Tel un ange gardien, la caméra tournoie en plongée sur un homme et sur une femme alanguis à plus de six mille kilomètres l’un de l’autre. Sur Adam et sur Eve. Sur Detroit et sur Tanger. Sur hier et sur demain. Adam et Eve sont vampires et vivent depuis des lustres. Adam et Eve sont amoureux et se secourent à distance. Ils survivent malgré les villes qui s’effondrent et le monde qui vacille. Ils voyagent en avion de nuit et ont modernisé leur approvisionnement sanguin, via des contacts en laboratoires. Mais le bon sang menace de manquer et les virus en tous genres veillent. Et les cadets gourmands attendent dans l’ombre, prêts à tout foutre en l’air (Ava/Mia Wasikowska).

RZ6A4304.JPGComment tenir ? En faisant de la musique, comme Adam. En profitant de la contemplation, comme Eve. Et en s’aimant. L’amour au-delà de la mort. C’est ce qu’incarnent, plus que tout, ces deux êtres voués à l’éternité et que leur complémentarité sauve de la perdition. Un très beau plan les associent tous deux, allongés, endormis, abandonnés. Deux silhouettes nues et graciles, à l’abri du reste du monde. Un moment fort chez Jim Jarmusch qui n’a pas si souvent filmé l’amour. Et surtout au présent. Car ses héros quasi toujours masculins sont de grands solitaires, et le plus entouré de femmes fait le tour de ses amours passées. C’est Don Johnston alias Bill Murray dans Broken Flowers.

De Permanent Vacation (1980) à Broken Flowers (2005) justement, le cinéaste n’a eu de cesse de filmer son pays et ses héritages. Mais depuis l’Espagne de The Limits of Control (2009), il prend le large. Detroit n’est que le fantôme des Etats-Unis, tout comme Tanger n’est que le fantôme du Maroc. Et les deux cités ne sont que les fantômes d’un monde voué à l’effacement. Jarmusch n’aime jamais tant les lieux que quand ils sont démarqués, tout comme ses personnages sont désaxés. Sortir du centre, aller voir dans la marge ce qu’il y a et s’il y est, reste son crédo.

RZ6A4230.JPGCe qu’il trouve dans Only lovers left alive, c’est la beauté et la douceur. A mi-chemin entre l’atemporalité et le dépassé, Eve et Adam incarnent un ilot, un espoir. Celui de l’humanité toute entière réunie dans leurs longs corps arpentant les ruelles tangéroises, jusqu’à trouver leur salut face à un couple de jeunes amoureux. Un duo évanescent et anesthésié qui prend corps aussi grâce à l’image dense et comme ouatée de Yorick Le Saux, qui filme si bien la mer et la peau chez François Ozon, et Tilda Swinton déjà dans Amore de Luca Guadignino. "only lovers left alive"

 

Tilda Swinton glisse sa grâce sans âge entre deux partitions grimées dans Snowpiercer et The Grand Budapest Hotel, et Tom Hiddleston laisse tomber les ténèbres à grand spectacle d’Avengers et Thor. Tous deux unissant leurs crinières et leur teint britannique diaphane pour se faire un bon shoot sanguin et esthétique devant l’objectif du cowboy new-yorkais. La musique enfin, les accords lyriques et anesthésiés de Jozef Can Wissem et du groupe de Jarmusch, Sqürl. Des mélodies qui chantent le désenchantement et le « désaccordement », et qui pourtant nourrissent de sensualité les déambulations de Tom et Tilda au pays de Jim. Le film avait visiblement laissé les salles de marbre au dernier Festival de Cannes. Il réchauffera celles de cet hiver, par sa croyance en les espaces et les sentiments.

Le 10 février à 20h, s’ouvrait le bal annuel de la Critique sous la houlette d’Isabelle Danel, la nouvelle Présidente du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de Télévision. La cérémonie s’est tenue pour la première fois à la Cinémathèque.

PRIX CINEMA

 Meilleur film français Affiche La vie d'Adèle
Ce prix est décerné depuis 1946 à l’issue du vote des membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.

LA VIE D’ADÈLE CHAPITRES 1 & 2

d’Abdellatif Kechiche

 

 

 

 

 

 

 

 Meilleur film étranger
Ce prix est décerné depuis 1967 à l’issue du vote des membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.
A TOUCH OF SIN de Jia Zhang-Ke

 Meilleur premier long métrage français
Ce prix, créé en 2000, est issu du vote des membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.
LES GARÇONS ET GUILLAUME, À TABLE ! de Guillaume Gallienne

 Film singulier francophone
Ce prix, créé en 2008, a pour objectif de récompenser un film en co-production et en langue française, dont les critiques tiennent à souligner le travail « singulier ».
MON ÂME PAR TOI GUÉRIE de François Dupeyron

 Meilleur court métrage français
Ce prix, créé en 1973, est décerné par un jury renouvelable composé de membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.
IL EST DES NÔTRES de Jean-Christophe Meurisse

Le film sera projeté au cinéma Le Balzac à Paris du 8 février au 2 mars, le 12 février au Festival Les Premiers Pas à Aix en Provence, le 15 mars au cinéma de Vanves, le 22 mars au Théâtre du Grand Marché à La Réunion et fin mai à l’Eldorado à Dijon.

 

PRIX TELEVISION

Ces prix, créés en 2005, sont décernés par un jury renouvelable composé de membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des Films de Télévision.

 Meilleure fiction de télévision

LE GRAND GEORGES de François Marthouret (diffusion France 3)  Photo Le grand Georges

 

 

 

 

 

 

 

 

 Meilleur documentaire de télévision

IL EST MINUIT, PARIS S’ÉVEILLE de Yves Jeuland (Arte)

 Meilleure série françaisePhoto Les revenants

LES REVENANTS

de Fabrice Gobert

et Frédéric Mermoud

(Diffusion Canal +) 

 

 

 

 

PRIX DVD/BLU-R

Ces prix, créés en 2005, sont décernés par un jury renouvelable composé de membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.

 Prix Curiosité

Nouveau Prix Dvd/Blu-ray du palmarès 2013, celui de la Curiosité, destiné à mettre en valeur le travail exigeant d’un éditeur (qualité du transfert du film, intérêt des suppléments) sur un film rare, étrange, spécial, qui tout en étant de grande qualité sort des sentiers battus de la cinéphilie classique.
LOVE EXPOSURE de Sono Sion – Metropolitan Filmexport / HK Vidéo

 Meilleur DVD/Blu-ray récent

BLANCANIEVES de Pablo Berger - francetv distribution / Rezo Films

 Meilleur Coffret DVD/Blu-ray

ERIC ROHMER – agnès b. DVD / Potemkine Films

Coffret Eric Rohmer

 Meilleur DVD/Blu-ray Patrimoine

FANNY ET ALEXANDRE de Ingmar Bergman – Éditions Gaumont

 

PRIX LITTERAIRES

Ces prix, créés en 1978, sont décernés par un jury renouvelable composé de membres du Syndicat Français de la Critique de Cinéma.

 Meilleur livre français sur le cinémaPhoto livre Michel Legrand
RIEN N’EST GRAVE DANS LES AIGUS de Michel Legrand
en collaboration avec Stéphane Lerouge – Éditions du Cherche-Midi

 Meilleur livre étranger sur le cinéma
I AM SPARTACUS de Kirk Douglas
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie-Mathilde Burdeau – Éditions Capricci

 Meilleur album sur le cinéma
BERNADETTE LAFONT, UNE VIE DE CINÉMA

de Bernard Bastide
Éditions Atelier Baie

 

 

 

Par France Hatron Affiche-L-absence

Age : A partir de 15 ans

Sortie : 22 janvier 2014 

Durée : 1h21

Un film français, guinéen, sénégalais

Genre : Drame 

Réalisateur : Mama Keïta

Distribution : William Nadylan, Mame Indoumbe Diop, Ibrahima Mbaye, Mouss Diouf, Omar Seck, Jacky Tavernier, Ismael Thiam…

 

Un taxi jaune dépose un jeune Sénégalais distingué dans une rue de Dakar. Il franchit la porte d’une maison et découvre, à même le sol du jardin, une femme enfilant des perles. Il s’agit de sa grand-mère, émue de le revoir. Elle lui présente sa sœur Aïcha, une jolie jeune femme muette et sauvage.

Puis, Adama rend visite à un  vieil ami, dans sa boutique de caméras vidéos. Ce dernier reproche au déserteur de ne pas lui avoir donné signe de vie pendant toutes ces années. Photo L'Absence

Contre toute attente, l’enfant prodige n’est pas rentré pour toujours, il compte repartir dès le lendemain. Sa sœur et sa grand-mère reçoivent très mal la nouvelle. Adama n’avait déjà pas tenu sa promesse de rentrer au pays à la fin de ses études et aujourd’hui encore, il les déçoit. La vielle femme soupçonne son petit-fils de repartir en France pour une femme. Adama lui confie alors avoir divorcé deux ans plus tôt.

Le jeune homme rend ensuite visite à l’un de ses anciens professeurs qui lui en veut, lui aussi, d’avoir étudié à l’étranger aux frais de son pays.

Mouss et AïchaLors d’une promenade nocturne avec son ami Djibril, Adama croise sa sœur Aïcha, devenue prostituée, sous la coupe d’un proxénète connu et craint par la ville entière. Abasourdi, le jeune homme retrouve le proxénète dans la soirée et le tabasse avant de violenter sa soeur aussi. Le souteneur met alors à prix la tête d’Aïcha. Commence alors une course poursuite infernale entre Adama et le proxénète qui, lui-même, course Aïcha.

Comme son personnage principal, Mama Keïta est d’origine africaine et a étudié ailleurs. Il dresse un état des lieux critique de l’Afrique et nous donne en même temps des clés pour comprendre et analyser sa dérive. L’Afrique se saigne pour envoyer ses élites étudier à l’étranger et n’a finalement pas de retour sur « investissement ». L’ancien professeur d’Adama le lui fait comprendre avec des mots blessants : « ce diplôme que vous possédez n’est pas seulement le fruit de votre géni. Nous sommes des millions à en être propriétaire ». Mais pour le déserteur, le devoir est un sacrifice auquel il n’est pas prêt : « je suis scientifique. Vous m’appelez au sacrifice ».

Photo L'absence Le film pose la question de la responsabilité individuelle ou collective. Par son absence, Adama est-il responsable de la déchéance de sa sœur ? La piteuse image qu’elle lui renvoie est celle d’un pays natal perdu lui rappelant que l’Afrique, c’est aussi et surtout : la violence, la drogue, la précarité, la soumission de la femme et la perte de soi. Et pas seulement à cause du sous-développement. Mama Keita va plus loin en pointant du doigt la fuite des cerveaux. Pour lui, l’esclavage n’est finalement pas si loin. Grand-mère

William Nadylan interprète avec beaucoup de délicatesse et de profondeur son personnage d’Adama qu’il rend ainsi très digne. A ses côtés, Mouss Diouf en proxénète sans foi ni loi, lui arrive à la bonne hauteur. Le scénario, quant à lui, pèche au niveau de la psychologie des personnages secondaires dont on peine à retrouver le lien entre le passé et le présent. Mais le propos du film – plaidoyer pour la liberté d’étudier chez soi – à lui seul, appelle à la révérence.

 

Par France Hatron Affiche du film

 

Age : A partir de 15 ans

Sortie : Le 15 janvier 2014

Durée : 1h40

Un film turc

Genre : Drame

Réalisation  :

Erhan Kozan

Distribution :

Miray Akay, Tunç Oral, Melisa Celayir, 

Melis Kara

 

1998. Comme toutes les jeunes filles du petit village d’Alkincilar, situé à la frontière de la partie turque et Grecque de l’îlle de Chypre, les deux charmantes enfants kurdes, Reyhan et Huriye, vivent dans la hantise de voir arriver leurs premières règles. Quand ce jour viendra, elles se savent déjà promises et mariées de force à un membre de leur famille. Car ce type de marriage est la règle dans cette communauté kurde de Turquie.

 

L’histoire de ces deux fillettes condamnées par le simple fait d’être nées « fille » est inspirée de faits réels. Le réalisateur nous le rappelle : “14 % des femmes mariées en Turquie ont entre 10 et 14 ans”. Huriye est la moins chanceuse des deux amies puisque l’heure fatidique de ses premières règles sonne l’année de ses 13 ans. Elle n’en dit mot à sa mère et se confie seulement à sa meilleure amie Reyhan. « Halam Geldi ! » lui dit-elle, ce qui signifie « Ma tante arrive ! » C’est le nom de code utilisé entre les deux amies pour parler de leurs règles. Cette phrase prend tout son sens lorsqu’on découvre que Huriye va devoir épouser un fils de sa tante : un garçon gras et laid, à l’air benêt.

Halam Geldi les enfants

Reyhan sera également mariée de force, mais, elle, avant même d’être réglée ! Son côté un peu rebelle et son amitié profonde pour le beau et gentil Halil – un garçon de son âge, né et élevé à Istanbul par des parents très aimants et un père non machiste – a rendu dingue son propre père. Il l’a faite déclarer “déficiente mentale” par son médecin. Puis, grâce au précieux certificat tamponné, il n’a eu aucun mal à la déscolariser et à la marier. L’affaire fut classée sans suite.

Sur le point d’épouser l’horrible inconnu de sa famille qui lui est destiné, la petite, dans un élan de désespoir, supplie sa mère de raisonner son père : «  Maman, ne te tais pas ! Qui d’autre que toi peut m’aider ? » Elle est très lucide quant à la responsabilité des femmes dans leur abominable destin à toutes. Le film prend là toute son intensité dramatique et sa dimension politique. Dans cette micro société machiste où les hommes règnent en maîtres tout puissants, rares sont les épouses qui se révoltent. Et celles qui osent le faire signent leur arrêt de mort. Ces hommes qui font leur prière avant de violer des enfants n’ont pas plus de scrupules à tuer leurs femmes, leurs filles et les enfants des autres.

Photo HALAM GELDIForcées de respecter la tradition, les femmes entretiennent la loi du silence, sur plusieurs générations, autour de ces crimes sexuels perpétrés par les maris, les pères, les oncles, les neveux… Ces unions consanguines forcées engendrent des enfants handicapés ou atteints de maladies incurables. Quand ils se savent condamnés à cause de leurs parents, ces enfants ne sont pas prêts à leur pardonner, ni même à entendre leur demande de pardon.

Le film dépeint très bien le climat de tension qui s’amplifie au fur et à mesure où les fillettes grandissent. Dans les premières images, la vie semble plutôt paisible. Les hommes ne font pas grand chose à part traîner, entre eux, au café. Les mères, elles, veillent sur leurs enfants, toujours à distance de leurs maris. Quant aux fillettes en uniforme, elles vivent à un rythme plus soutenu, entre l’école, les frères et soeurs, leurs petits secrets, leurs angoisses. Puis, la dramaturgie de l’histoire s’installe crescendo, atteignant son paroxysme dans la tragédie. Erhan Kozan n’y va pas de main morte avec les artifices mélo dramatiques qui s’enchainent. La musique tient un role proéminent. Les personnages secondaires surjouent. Mais on comprend l’intention du cineaste Erhan Kozan de nous faire éprouver à la fois la peine, la peur, la culpabilité, l’impuissance, le dégoût et même la honte.

Au delà de l’histoire bouleversante de cette minorité kurde qu’il raconte avec beaucoup d’empathie et quelques maladresses au niveau narratif en début de scénario, le réalisateur signe un vrai plaidoyer contre les crimes sexuels, faisant de ce combat une cause universelle à défendre haut et fort.

Une révérence toute particulière s’impose pour les deux jeunes comédiennes Miray Akay et Melisa Celayir, imprégnées de leur personnage jusque dans leur chair. Ce film très fort dérange et bouleverse jusqu’à rendre presque malade. Mais trouvera-t-il un public dans notre pays ? C’est une autre histoire…