9ème EDITION
Pendant cinq jours, le Cinéma La clé met le Brésil à l’honneur, en posant un regard différent et unique sur son cinéma documentaire, son actualité sociale, économique, politique, culturelle et sportive. A l’issue de la projection de documentaires inédits, des débats et des rencontres attendent le public autour de sept thèmes incontournables : Le travail domestique, Les femmes en Résistances, La santé et l’exclusion sociale, La santé et ses modes de vie en question, la Dictature et la Résistance, le Football : la coupe est-elle pleine ?, la Musique en action.
C’est l’Association AUTRES BRESILS qui est à l’origine de ce festival visant à décrypter certains des enjeux de société majeurs inhérents non seulement au Brésil mais aussi à la France et au monde entier. Pour cela, AUTRES BRESILS a mis en place des outils d’information et d’échanges : des projections-débats en France (Brésil en Mouvements) et au Brésil (Social en Mouvements) ; des ateliers de réalisation audiovisuelle ; un centre de ressources multimédia (site Internet d’information sur le Brésil gratuit et unique en français, médiathèque de plusieurs centaines de films documentaires, expositions itinérantes).
LA PROGRAMMATION
MERCREDI 9 OCTOBRE
SOIREE D’OUVERTURE / TRAVAIL DOMESTIQUE
19h00 : Pot d’ouverture
20h00
Doméstica de Gabriel Mascaro
Brésil | 2012 | 76’ | VOSTF
Sept adolescents ont accepté de filmer durant une semaine leur employé(e) de maison.
Entre intimité dérangeante, rapport d’autorité et tâches quotidiennes, le film propose un
regard contemporain sur le travail domestique et se transforme en un véritable essai sur le
rapport entre affects et travail.
Débat :
Travail domestique : quels statuts, quels rôles et quels droits pour les employé(e)s de
maison ? Discussion à partir de l’exemple brésilien.
Intervenants :
Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro.
Annie Pourre, Réseau No-Vox
Modérateur : Ivan du Roy, Bastamag
JEUDI 10 OCTOBRE
FEMMES EN RESISTANCES
20h00
Film 1 : Silêncio das inocentes de Ique Gazzola / Naura Schneider
Brésil | 2010 | 52’| VOSTF
La loi n°11.340/2006 ou « loi Maria da Penha » est considérée comme l’une des trois lois
les plus complètes au monde sur les violences domestiques. A travers de nombreux
témoignages de victimes et spécialistes, Silêncio das inocentes nous éclaire sur la
spécificité de cette loi et son application au Brésil.
Film 2 : Virou o jogo : a história de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Rencontre
Intervenantes :
Naura Schneider, réalisatrice de Silêncio das Inocentes
Hélène Tanné, sociologue, formatrice sur les questions de genre, d’égalité et de
violences contre les femmes (Association SOS Femmes 93)
Muriel Naessens, militante et animatrice au Planning Familial, qui participe au
développement du théâtre de l’opprimé sur les questions de violences sexistes et
d’égalité entre les hommes et les femmes (association Féminisme Enjeux).
VENDREDI 11 OCTOBRE
SANTÉ ET EXCLUSION SOCIALE
18h00
Film 1: A cidade de Liliana Sulzbach
Brésil | 2012 | 25’| VOSTF
Itapúa – une communauté de personnes aux habitudes singulières. Ce lieu regroupait
autrefois 1454 personnes. Il ne compte plus aujourd’hui que 35 habitants. Personne
n’aime se rappeler ce qu’Itapúa était dans le passé, même si beaucoup en ont gardé des
traces. En parcourant ce lieu, A Cidade révèle l’existence d’un monde organisé à partir
d’un acte d’une extrême brutalité.
Film 2 : Os melhores anos de nossas vidas de Andrea Pasquini
Brésil | 2003 | 65’| VOSTF
A travers les témoignages de plusieurs malades ayant vécu des années dans une
léproserie, la réalisatrice montre avec poésie et sensibilité les conditions auxquelles ils
étaient soumis ainsi que les moments de vie partagés et les différentes dimensions de leur
quotidien pendant ces années à l’hôpital.
SANTÉ : MODES DE VIE EN QUESTION
20h00
Muito além do peso de Estela Renner
Brésil | 2012 | 84’ | VOSTF
Du Brésil au Koweit, les taux d’obésité infantile sont anormalement élevés. Pourquoi les
enfants sont-ils en surpoids aujourd’hui ? L’industrie, les publicitaires, les instances
publiques : qui est responsable de cette question de santé publique? Le film Muito além
do peso tente de répondre à ces questions.
Débat:
Que nous disent les problématiques de santé publique ?
SAMEDI 12 OCTOBRE
REVOLUTION A DOMICILE
16h00
Film 1 : Disque Quilombola de David Reeks
Brésil | 2012 | 13’ | VOSTF
Des enfants de l’État de « Espirito Santo » dialoguent sur la vie dans une communauté
quilombola depuis un bidonville de la ville de Vitoria. À travers un simple jeu d’enfants, les
deux groupes s’expriment sur leurs racines et comprennent que chacun d’entre eux a
plus de points communs que de différences avec les autres.
Film 2 : Doméstica de Gabriel Mascaro (reprise)
Rencontre avec
Dominique Vidal, professeur de sociologie à l’université Paris Diderot, auteur du livre
« Les bonnes de Rio. Emploi domestique et société démocratique au Brésil » – Presses
universitaires du Septentrion.
DICTATURE ET RÉSISTANCES
18h00
Marighella de Isa Grinspum Ferraz
Brésil | 2011 | 90’ | VOSTF
Bahianais, auteur, poète, érudit de la Bible et du grec, amoureux de la samba, de la plage
et du football, féministe avant l’heure, séduisant, charismatique, interlocuteur de
Kubitschek et de Che Guevara…Qui était donc cet homme dont il a été interdit de
prononcer le nom pendant des décennies au Brésil ?
20h00
Film 1 : Em nome da segurança nacional de Renato Tapajós
Brésil | 1984 | 45’ | VOSTF
Ce documentaire évoque le procès du tribunal de Tiradentes, organisé par la Commission
Justice et Paix de l’Archidiocèse de São Paulo en 1983. Il alterne entre scènes de la cour
de justice et sources documentaires pour discuter de la doctrine de la «sécurité
nationale», axe idéologique majeur de la dictature initiée par le coup d’État de 1964.
Film 2 : O fim do esquecimento de Renato Tapajós
Brésil | 2012 | 52’ | VOSTF
« La fin de l’oubli » donne la parole à des protagonistes du tribunal de Tiradentes et à des
acteurs engagés dans la lutte pour les droits de l’homme pour aborder, trente ans après,
la question de la doctrine de la « sécurité nationale ». Le film étudie ce qu’il en reste et ses
impacts sur la société brésilienne aujourd’hui.
Débat : Dictature militaire, droit à la vérité et à la mémoire : quels impacts sur la société
brésilienne aujourd’hui ?
Intervenants :
Hidalgo Romero, producteur de Em nome da segurança national e O fim do
esquecimento
Glauber Sezerino, sociologue, doctorant au Centre de Sociologie Européenne /
EHESS
Marilza de Melo Foucher, journaliste, docteure en économie.
Modération : Erika Campelo, Autres Brésils
22h30 – Caïpi musicale avec Francis Poulet
Franco-brésilien perdu entre Lyon et Porto Alegre, citoyen du monde et chanteur à la
guitare éclectique, Francis entonnera un répertoire varié de musique brésilienne…Plus
d’infos : http://francisbrasilis.blogspot.fr/2009/04/francis-brasilis-lalbum_7033.html
DIMANCHE 13 OCTOBRE
FOOTBALL : LA COUPE EST PLEINE ?
16h00
Film 1 : O pai do gol de Luiz Ferraz
Brésil | 2013 | 17’| VOSTF
Le réalisateur accompagne José Silvério, animateur radio, « père du but », dans sa cabine
de transmission, montrant à travers ce portrait la relation singulière de la société
brésilienne au football.
Film 2 : Virou o jogo : a historia de Pintadas de Marcelo Villanova
Lopes Lapa
Brésil | 2012 | 26’| VOSTF
L’histoire de femmes qui ont réussi à remettre en question le machisme grâce à de
nouvelles formes d’organisation à Pintadas, dans la région de Bahia. Introduisant ainsi un
nouveau regard sur les relations hommes/femmes tout en jouant au football.
Film 3 : Vila das Torres de William Duarte, Marta Pego, Lúcia Pego et
Bruno Mancuso
Brésil | 2010 | 15’| VOSTF
Le point de vue de certains habitants de «Vila das Torres», favela du centre de Curitiba,
face au méga-événement de la Coupe du monde prévu pour 2014. Quel en sera le
bénéfice pour la communauté ? Comment la favela sera-t-elle perçue par les touristes ?
Comment peuvent s’organiser les habitants pour faire partie du jeu ?
Film 4 : Jogos de poder de Susanna Lira
Brésil | 2013 | 25’| VOSTF
Comment la ville de Rio de Janeiro se prépare-t-elle à accueillir la Coupe du Monde et les
Jeux Olympiques ? Les investissements sont énormes mais rarement négociés avec les
représentants sociaux impliqués dans la restructuration de la ville. Jogos de poder aborde
la question du droit à la ville et de la lutte entre gouvernants et résidents.
17h30
Débat :
Football et Coupe du monde 2014 : paradoxes et enjeux pour une société
brésilienne en (re)construction.
Intervenants :
− Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire « Territoire et Communication » de l’Université Fédérale de Rio de
Janeiro – très impliqué dans les mobilisations sociales.
− Patrick Vassort, maître de conférences à l’Université de Caen, directeur de
publication dans la revue Illusio.
− Un(e) représentant(e) d’Amnesty International
Modérateur : David Eloy, Altermondes
DIMANCHE 13 OCTOBRE
CLÔTURE / MUSIQUE EN ACTION
20h00
Noitada de Samba, Foco de Resistência de Cely Leal
Brésil| 2010 | 75′ | VOSTFR
1971: le Brésil est en pleine dictature militaire. A Rio de Janeiro, les compositeurs et les
musiciens de la périphérie jouent pour la première fois dans la Zona Sul, tous les lundis,
au 143 de la rue Siqueira Campos qui devient un feu de résistance de la musique
populaire brésilienne.
21h30 : CONCERT
Filosofia do Samba – Dudu d’Aquarela / « Voyages en MPB »
Composé à l’origine en 2003, par quelques musiciens de l’École de samba Aquarela,
FILOSOFIA DO SAMBA anime des rodas de samba, rencontres musicales ouvertes,
avec un répertoire varié, des trésors de la Musique Populaire Brésilienne, de Noel Rosa,
Vinicius, Caymmi, Adoniran Barbosa, Chico Buarque, Paulinho da Viola à Bezerra da Silva
et Zéca Pagodinho.
FILOSOFIA DO SAMBA vous embarque dans un grand voyage musical. Détachez vos
ceintures et bon voyage !
Pot de CLÔTURE
LES INVITES
- Pedro Barbosa Mendes, membre du réseau universitaire Nômade, chercheur au
laboratoire «Territoire et Communication» de l’Université Fédérale de Rio de Janeiro.
Militant impliqué dans les manifestations de juin 2013 au Brésil. (à Paris du 4 au 14
octobre)
- Naura Schneider, réalisatrice-conceptrice du projet de « Silencio das Inocentes » (du 8 au
14 octobre)
- Hidalgo Romero, producteur des films de Renato Tapajos : « Em nome da segurança
nacional » e « O fim do esquecimento » (Vit actuellement à Paris)
LE LIEU ET LES TARIFS
Cinéma La Clef
34 rue Daubenton – 75005 Paris – Métro Censier Daubenton (ligne 7)
Bus 47, arrêt « Censier Daubenton » – RER C, arrêt « Paris-Austerlitz »
www.cinemalaclef.fr – 09 53 48 30 54
6 € tarif plein / 5€ tarif réduit / 4€ adhérents
Pass 4 séances : 18€ / 15€ / 12€
Pass complet : 35€ / 30€ / 25€
Réservation conseillée : reservation@cinemalaclef.fr
Tout au long du festival, un bar accueillera les festivaliers.
Pour contacter ou soutenir Autres Brésils :
bresils@autresbresils.net -
www.autresbresils.net
21 ter rue Voltaire, 75011 Paris – Tel : 01 40 09 15 81
Comment j’ai détesté les maths ***
Par Olivier Pélisson
Sortie :
27 novembre 2013
Durée : 1h43
Un film français
Genre : Documentaire
Réalisation : Olivier Peyon
Scénario : Olivier Peyon et Amandine Escoffier
Distribution : Cédric Villani, François Sauvageot, Anne Siety, Jean Dhombres, Jean-Pierre Bourguignon, Jim Simons, Eitan Grispun, Robert Bryant, George Papanicolaou…
Consacrer un documentaire aux mathématiques, il fallait y penser. D’autant plus lorsqu’on n’est ni un pro, ni une éminence. C’est le cas d’Olivier Peyon, réalisateur remarqué dans le portrait fictionnel (Les Petites vacances) et documentaire (Elisabeth Badinter, à contre-courant ; Michel Onfray, philosophe citoyen).
Pour Comment j’ai détesté les maths, il mélange les visages et les paroles, et compose un puzzle impressionniste. Avec une galerie d’initiés et de professionnels de cette discipline millénaire. Une science, une pensée, et même un regard sur le monde. Car ce que nous montre ce film pendant une heure quarante, c’est que les maths naissent avant tout du désir des hommes et agissent sur leur existence concrète. Tout le monde s’en sert chaque jour, ou a recours à un système ou une technologie élaborée sur des données mathématiques. Rien à voir avec les épineux problèmes sur lesquels des tripotées d’élèves ont buté et se sont arraché les cheveux, pour se dire plus tard « ça ne sert à rien ! ».
Plus encore, les maths ont fini par diriger le monde. Notre planète, régie par les marchés financiers et la mondialisation, dépend des agissements de quelques uns, dont l’impact économique sévit en métronome universel. Effrayant, comme en témoigne la seconde partie du documentaire, sur les pas notamment d’un apparent bienfaiteur millionnaire américain (Jim Simons), dont les formules savantes se sont transformées en roulette russe pour les banques et traders.
Cette mécanique programmée est heureusement contrebalancée par des trublions humanistes, chercheurs, enseignants, qui mettent en doute en permanence les assertions et traquent l’indéchiffré, le terrain vierge, la faille, l’espoir de la découverte. A commencer par notre champion national Cédric Villani, dont l’excentricité atemporelle révèle avant tout la quête d’un homme curieux et joueur avec son art. Beaucoup manient l’humour et insufflent de l’énergie oxygénée à l’exercice de la pensée. Tel le jovial prof nantais François Sauvageot accompagnant ses élèves au bord de l’Atlantique.
Dans le même esprit, Olivier Peyon use savamment de la grammaire cinématographique et formelle pour dynamiser son film. Format scope, montage cut et fluide, bande-son jazzy. La caméra explore les visages, les regards, les gestes, les grains de peau de tous ses intervenants qui dépassent finalement le cliché du « matheux » pour révéler leur vérité. Celles d’hommes et de femmes qui observent le monde et le questionnent, tout en se mettant en danger. Comme ce professeur grec émigré aux Etats-Unis (George Papanicolaou), dont l’émotion lié à la situation dans son pays déborde soudainement le cadre de l’interview.
Le cinéaste ouvre aussi la pensée, par essence intérieure, aux espaces géographiques. Il traverse les frontières et les océans (France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Inde), filme la forêt, la plage, la rue fourmillante. La réalité quotidienne et palpable nourrit la réflexion et le témoignage dans un même élan de transmission.
Ces confessions d’enfants du siècle forment une porte d’entrée idéale au quidam pour se re-familiariser avec le questionnement mathématique resté enfoui. Et pour se confronter soi-même à son rapport au monde et à sa capacité à l’insurrection bienfaitrice. Comme quoi, la détestation a parfois du bon !
Ajouter un commentaire Publié le 20 novembre 2013