Par France Hatron
Sortie : le 7 octobre 2015
Documentaire
Age : tous publics
Durée : 84 min
Un film américain
Réalisation :
Lydia B. Smith
Distribution : Samantha Gilbert, Wayne Emde, Annie O’Neil, Thomas Moreno…
Le chemin de Saint Jacques parcouru dans la douleur et l’épanouissement personnel, commenté par six pèlerins modernes de diverses nationalités. Les intentions de Lydia B. Smith apparaissent clairement mais les portraits méritaient d’être plus approfondis.
Depuis le IXème siècle, des millions de pèlerins venus du monde entier ont emprunté le chemin de Compostelle, réputé pour ses vertus d’enrichissement spirituel et humain. Selon la tradition religieuse, le but du périple qui dure entre trente et quarante-deux jours, à raison de 20 à 25 Km journaliers, consiste à atteindre le tombeau de l’apôtre Saint Jacques Le Majeur, abrité dans la crypte de Saint Jacques de Compostelle en Espagne. Au fil du temps, le pèlerinage religieux s’est aussi décliné en une randonnée pédestre ambitieuse rassemblant des aventuriers juste animés par une quête de sens. Leur corps mis à l’épreuve ne suit pas toujours mais pas question de lâcher ! Ce que montre très bien Lydia B. Smith dans son premier film.
La réalisatrice a emboité le pas de six pèlerins attachants qui cheminent sur le « Camino Francès » débutant aux pieds des Pyrénées à Saint Jean Pied de Port. Les séquences sont rythmées par les « buon camino ! » échangés par les aventuriers rencontrés sur le chemin. Tatiana, une trentenaire pratiquante marche avec son fils de 3 ans, Cyrian, et son frère, un jeune adulte radieux qui lui, n’a pas la foi et aime s’amuser quitte à enrager sa soeur. Wayne Emde est Canadien. Après un inoubliable pèlerinage au Japon, en la mémoire de sa femme, il s’attaque à celui de Saint Jacques avec un ami. Le pain rassis ne les déprime pas. La danoise, Anne-Marie, « pas très religieuse » et indépendante rencontre quand-même l’adorable William, de dix ans son cadet, mais qui est » juste un compagnon de chemin « . Quant à Annie, une charmante quinqua américaine, elle s’étonne de la générosité ambiante. En effet, un étrange allemand, voisin de dortoir, lui porte son sac à dos une journée ! La belle Samantha vient, elle, du Brésil où elle n’avait plus ni boulot, ni logis, seulement des antidépresseurs et un mec qui buvait. Désormais, seule la beauté intérieure compte et peu lui importent ses cheveux pas lavés depuis un mois ! Le jeune portugais Tomas a rencontré deux amis pour la vie. La preuve que par le dépouillement et l’épuisement, on se rapproche plus facilement du cœur et du meilleur de soi.
Lydia B. Smith le montre par des images en accord avec des témoignages assez semblables sur le fond, qui rejoignent celui d’un prêtre : « Le camino est une médecine douce qui peut guérir toutes les blessures. Ceux qui le commencent en tant que touristes le finissent en tant que pèlerins ». Pour autant la réalisatrice ne s’est pas aventurée sur le plan spirituel. Elle a seulement filmé Tatiana en prière ou assistant à des offices religieux. Mais cette jeune mère ne dit rien de son passé et pas grand-chose de ses motivations, ni de son choix d’avoir emmené son petit garçon. De même, Annie ne se dévoile pas beaucoup non plus. Ce parti pris de la pudeur nous laisse un peu sur notre « faim ». En revanche aucune modération du côté de la musique type banda, qui s’impose de façon quasi omniprésente, remplaçant les commentaires en voix off, inexistants (et c’est tant mieux !). Des petites maladresses à mettre sur le compte d’un premier film qui n’empêchent pas malgré tout Lydia B. Smith de bien faire ressentir l’expérience des pèlerins des Chemins de Compostelle, son mystère, ses embuches et ses récompenses. »